Barnique, Mosaïque-Arts : L'Optométriste-factice
Arts visuels

Barnique, Mosaïque-Arts : L’Optométriste-factice

Pas de diplôme en médecine ni de connaissances particulières en santé oculaire. En fait, Isabelle Gauvin n’a de l’optométriste que son pseudonyme. On scrute à la loupe son projet Barnique.

Avec Barnique, l’art visuel n’a jamais aussi bien porté son nom. Dans ce projet, Isabelle Gauvin entre dans la peau de l’Optométriste-factice et accueille les gens dans son cabinet mobile pour un examen de la vue non conforme. À l’aide de différents exercices et accessoires loufoques qu’elle a elle-même créés, elle tente de soutirer à ses "patients" leur vision du monde.

Depuis deux ou trois ans, l’artiste crée des lunettes à partir d’éléments recyclés. Collage, soudure, dessin, bref, c’est "l’art d’assembler des gogosses", comme elle le dit. "Mes lunettes ont du vécu, elles ont toutes été portées par des Ginette ou des René", exemplifie-t-elle. Dans Barnique, l’objet devient un outil de jeu. "C’est un prétexte pour poser des questions et avoir des discussions avec les gens", explique celle pour qui il existe autant de paires d’yeux que de visions du monde.

VISION PÉRIPHÉRIQUE

Si elle refile des prescriptions, ne vous attendez pas à recevoir un diagnostic classique. Pas de verres correcteurs pour votre presbytie, ou de lentilles cornéennes pour votre myopie, mais plutôt des gouttes pour corriger une vision du monde altérée par le cynisme ambiant, ou même un bon coup de pied au derrière pour quiconque a une vision trop floue.

"La magie de la manoeuvre, c’est que tu mets un costume, tu poses une question et ça te donne l’autorisation de parler à plein de gens", soulève Isabelle Gauvin. "Il y a un contraste entre la stupidité de l’examen bidon et le sérieux de la question. La réponse n’est pas aussi importante que la réflexion que je veux susciter. Il y a des choses profondes qui sortent de ça et c’est ce qui me donne envie de continuer."

La manoeuvre Barnique sera exécutée lors d’un 5 à 7 organisé par l’organisme Mosaïque-Arts, qu’elle a cofondé avec le musicien bosniaque Igor Bartula (Caïman Fu, Bartula), à l’occasion du lancement de la programmation de l’événement multiculturel Mosaïque. Le tout sera capté sur pellicule grâce à l’oeil du vidéaste David LeBlanc.

ooo

ÉVÉNEMENT MULTICULTUREL MOSAÏQUE

En 2010, Mosaïque-Arts avait présenté une première cuvée de son événement multiculturel, qui vise à rapprocher les différentes communautés ethniques et à favoriser le métissage de différentes nationalités autour de l’art. "On a profité de l’année dernière pour se structurer, s’enregistrer, parce qu’on a de grandes visions, de grands objectifs", souligne Isabelle Gauvin.

La deuxième édition de Mosaïque aura donc lieu les 19 et 20 mai sous un grand chapiteau installé à l’Agora du Parc portuaire de Trois-Rivières. "L’idée, c’est de créer un lieu de rapprochement entre les différentes cultures de Trois-Rivières, où il n’y a plus de préjugés."

Si la langue est souvent une barrière pour les nouveaux arrivants, la musique et l’art n’en sont pas une. "C’est peut-être cliché dire ça, mais les arts, c’est un langage universel."