Alain Fleurent : L'art, pour le meilleur et pour le pire
Arts visuels

Alain Fleurent : L’art, pour le meilleur et pour le pire

Comment survit-on 25 ans dans le paysage des arts actuels trifluvien? On pose la question à l’artiste multidisciplinaire Alain Fleurent.

"Survivre, c’est le bon mot. On survit parce que c’est ce qu’on a à faire", affirme Alain Fleurent. "C’est différent des autres professions où tu réponds à un besoin. En art, il faut écouter sa voix intérieure et lui faire pleinement confiance, même si parfois ça n’a pas d’allure. Cette voix intérieure devient ta seule référence."

L’artiste pluridisciplinaire a déjà tenté de délaisser la création artistique pour prendre une avenue différente. "Ça a duré six mois. Quand j’ai recommencé, c’est comme si on m’avait sorti la tête de l’eau", raconte-t-il. Valait mieux pour lui de continuer à suivre le droit chemin de la création, sur lequel il avance depuis 25 ans déjà. "Je n’ai jamais été carriériste. Je n’ai jamais rien forcé. Mon art est en harmonie avec mes rythmes." Son truc ? La polyvalence. "Je suis sensible à plusieurs techniques, et c’est cyclique. Ça me permet d’être tout le temps en processus de création."

ART "RACING"

Alain Fleurent prépare actuellement Stations pour souligner cet anniversaire. Un heureux événement qui n’est pas le propos de l’exposition, mais plutôt son prétexte. Stations s’axe autour de pièces charnières, réalisées par l’homme au courant des 25 dernières années. Des parties de projets qu’il a reprises et parfois même combinées. Des techniques mixtes, de l’estampe, de l’installation ainsi que de la projection vidéo qui ont rapport aux véhicules. "J’aime l’idée de la mouvance des véhicules. Ça parle de l’humain car le corps est un moteur subtil."

On y retrouvera évidemment les traces de pneus, un motif répétitif avec lequel Fleurent travaille depuis plusieurs années sous diverses formes. "La trace est infinie, il n’y a pas de fin. J’aime aussi l’idée du rond et son rapport au temps, au déplacement, au mouvement, aux forces centrifuge et centripète."

Ce penchant pour les véhicules ne date pas d’hier, puisqu’à la fin de ses études universitaires, il avait "tuné" un vieux véhicule à pédales pour enfant. "Mon père était mécanicien et j’ai toujours baigné dans ces univers, ces odeurs et ces esthétiques-là. On vit dans un monde propre, mais on oublie qu’il y a des gens qui se mettent les mains dans la chnoute pour faire tenir tout ça. Des gens qui se retroussent les manches et se salissent les mains." Une belle analogie avec le travail des artistes, selon celui qui a remporté le prix des arts visuels Stelio-Sole en 2010.

Le vernissage de Stations aura lieu le 6 mai en présence du DJ My Gloomy Machine, SeB Roy.