Diane Landry / Correspondances : Mouvements intérieurs
Puissance d’évocation, poésie du quotidien et du souvenir nous attendent au Musée de l’Amérique française, qui présente Correspondances, de Diane Landry.
En entrant dans l’exposition, nous sommes accueillis par une motoneige à hélices, conçue autour des années 1930 par Edmond Fontaine. L’objet a été choisi dans la Réserve muséale de la capitale nationale par Nicole Gingras, commissaire de la Manif d’art 6. Si la motoneige peut surprendre, elle constitue pourtant le point de départ de Correspondances. "Je crois que quand elle a vu cet objet incroyable, elle a fait un lien avec certaines de mes oeuvres plus anciennes", relate Diane Landry. Ses oeuvres ont donc été sélectionnées pour leur lien avec la thématique, "Machines – Les formes du mouvement", mais aussi pour ceux qu’elles entretiennent avec la motoneige: elles révèlent, comme cette dernière, une force fragile.
Sur quatre oeuvres, trois sont d’une production plus ancienne, mais toutes nous entraînent dans l’univers intense, subtil et évocateur de Diane Landry. Imperméable, performance réalisée en 2009, nous présente une artiste vulnérable, en suspension dans les airs, recevant 100 kg de sel. Puis, dans L’étreinte atroce (1997), deux luges-berceuses s’animent de bercements tout en projetant des images au mur. L’émouvante et fragile Table neige (1996), elle, nous transporte en plein coeur de l’hiver. À la fois sculpture et table, elle est faite de chemises de femmes pauvres, comme se plaît à les nommer Diane Landry, transformées en petits blocs de glace. Au-dessus, des skis en mouvement. Pour cette oeuvre, l’artiste a été inspirée par les prostituées près de son atelier. "J’ai été très impressionnée le premier hiver que je les ai vues travailler. De voir à quel point elles avaient froid: elles attendaient des heures, au coin de la rue, beau temps, mauvais temps", explique-t-elle.
Enfin, au fond de la salle, des ombres projetées sur un écran blanc nous amènent à découvrir sa création inédite: Épuisement, qui se fait tour à tour sculpture, architecture, orfèvrerie, image en mouvement et expérience sonore. L’oeuvre nous invite à prendre le temps de réfléchir à la notion d’épuisement. "Cela signifie plusieurs choses: on peut penser à l’épuisement de la personne, ou à celui de la planète", précise Diane Landry. Mais sur cette installation, l’artiste est avare de mots. "Des fois, je dis: "Je vais probablement pouvoir expliquer mon projet dans un an." Ma démarche est marquée par la nécessité de faire et par une grande part d’instinct. C’est un peu difficile à expliquer." Composée d’objets quotidiens, l’oeuvre fascine par sa tranquille féminité et sa poésie.
On ne saurait présenter l’exposition sans parler d’une dernière correspondance, puisque Diane Landry a aussi choisi un objet de la réserve muséale: un baromètre ancien. "Il a l’air d’un pendule. Il est à la rencontre du temps mesurable et du temps imprévisible. Ça, c’est quelque chose qui fait partie de mon travail. Il constitue un lien qu’on peut faire entre les oeuvres, c’est la raison de sa présence."