Non, ce n’est pas Lady Gaga qui a inventé la robe de viande, mais bien Jana Sterbak. Cette artiste née à Prague, mais vivant à Montréal, créait en 1987 Vanitas, Robe de chair pour albinos anorexique, oeuvre qui fit scandale en 1991 auprès de quelques députés fédéraux ignorants (oui, oui, il y en a…). Sterbak fit aussi une sorte de suite à la chose, un fauteuil en viande intitulé Chair Apollinaire (en 1996), qui sera d’ailleurs de l’expo Zoo cet été au Musée d’art contemporain. Sterbak, c’est aussi L’homme générique, photo de l’arrière de la tête d’un homme avec sur sa nuque le tatouage d’un code-barre, image symbolique (littérale, mais néanmoins efficace) de l’être humain ramené à un numéro ou à une marchandise… Cette image eut un grand succès médiatique.

Vous pourrez ces jours-ci voir un survol du travail de Sterbak avec des oeuvres de petit format réalisées entre 1979 et 2011. Ici, pas d’installation, pas de vidéo ou de pièces monumentales. Mais vous y retrouverez les grandes préoccupations de Sterbak: le corps avec sa force et sa fragilité, la notion d’identité sexuelle et la notion du double (et du différent), les liens entre les récits dominants et la vie privée, mais aussi le poids de l’histoire, du monde que l’on porte, consciemment ou non… C’est le cas de ce faux ballon pour enfants qui pèse 22 kilos (Condensed) et qui nous rappelle combien nos souvenirs peuvent peser lourd dans la balance de nos vies. C’est aussi le cas de cette série de photos Selection for Sisyphus qui fait référence au célèbre mythe, montrant des roches prises en photo sous différents angles. Vous y verrez des pièces célèbres comme Cones on Fingers, mais aussi des pièces très récentes et moins connues comme cet Acteon at Home qui reprend le mythe de Diane qui transforma ce chasseur en cerf…

Un reproche important à cette expo: nous aurions aimé voir plus d’oeuvres de l’artiste, en particulier plus d’oeuvres récentes.