Minibloc : Faire de l'air
Arts visuels

Minibloc : Faire de l’air

Loin des machines high-tech et de la technologie, Minibloc nous invite à venir écouter la musique du vent et du papier.

C’est à l’invitation de la commissaire Nicole Gingras que le duo montréalais Minibloc présente, pour la Manif d’art 6, l’installation Courant d’air et Vidéo test cassettes 2, à l’OEil de poisson. Il faut dire que le travail des artistes est directement lié à l’idée du mouvement. "Toute notre pratique s’inscrit dans le thème. On travaille avec des formes très simples de transformation du mouvement", explique Anne-Françoise Jacques.

Il s’agit de la troisième installation de Minibloc, qui s’est surtout fait connaître pour ses performances sonores. Après avoir travaillé avec la gravité et joué avec les mécanismes de moteur de cassettes, les artistes se sont penchés sur les moyens de faire de la musique avec l’air. "On voulait provoquer des mouvements avec le vent, de façon différente, pour que ça génère des sons", relate Nicolas Dion. Pour ce faire, ils projettent le vent créé par des ventilateurs sur des assemblages faits de matériaux divers tels que papier, carton construction, bois, et même riz ou maïs soufflé.

C’est par diverses expériences qu’ils en sont venus à utiliser des matériaux pauvres, souvent issus du bac de recyclage. "On est toujours en train d’essayer des choses, d’expérimenter avec ce qui est là. C’est du fait main", explique Anne-Françoise Jacques. "Si on avait eu un énorme budget, ça aurait probablement ressemblé à ça", souligne Nicolas Dion. Au final, ce sont les qualités sonores qui guident le choix des matériaux. "On crée des sons acoustiques avec du papier et du carton, qui donnent un son différent du métal par exemple."

En entrant dans la Grande Galerie, on est marqué par la douceur des sons, mais aussi par la facture visuelle de l’installation, emplie de couleurs, avec des objets qui volent au gré du vent. "Il y a plein d’objets fragiles, qui sont en équilibre précaire. On a une esthétique un peu croche", précise Nicolas Dion. Et puis, derrière cette esthétique, on sent bien le plaisir du jeu des artistes qui expérimentent, mais aussi celui auquel les spectateurs doivent se plier. "Il faut que tu aies envie de jouer pour profiter de l’exposition. Il ne faut pas avoir peur de se pencher pour trouver les points d’écoute."

Comme un complément à l’exposition, il est également possible de regarder Vidéo test cassettes 2, présentée dans l’Entrée vidéo, qui présente un travail sur les cassettes audio, dans lesquelles les artistes ont remplacé la bande magnétique par divers petits objets.

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