Julie Andrée T. : Paysage mouvant
Julie Andrée T. présente Nature morte, un spectacle expressionniste qui se déploie en une série de tableaux abstraits sur le paysage et la mort. Quand le vertical rencontre l’horizon.
Après Not Waterproof et Rouge, l’artiste visuelle et performeuse Julie Andrée T. revient au FTA présenter son plus récent projet Nature morte, dont les contours ont été tracés chez elle, à Sagard, dans Charlevoix. Le lac gelé. Les grands espaces. "Je me suis inspirée de la théorie de Michael Jakob selon laquelle le paysage est l’addition de la nature et du sujet, explique-t-elle. J’ai voulu transposer cette formule sur scène. Comment cette addition va-t-elle vivre? Que sera la nature? Le sujet? L’idée n’étant pas de représenter un paysage, mais de partir du concept même du paysage", explique Julie Andrée T.
Au fil de ses expérimentations avec l’éclairagiste Jean Jauvin et le compositeur Laurent Maslé, le thème de la mort est venu naturellement s’interposer dans celui du paysage. "Une série de petites morts très rapides sont réalisées sur scène. La mort est représentée de manière iconographique, ludique. Tous mes spectacles sont picturaux. Dans ce cas-ci, c’est comme une sérigraphie qui bouge sous nos yeux. Un tableau qui se métamorphose pendant une heure", explique la créatrice qui travaille avec ses collaborateurs dès le jour 1, dans son atelier charlevoisien. "Nos trois disciplines dialoguent entre elles. On forme un triangle. On se contamine l’un l’autre."
Avant la transposition de leur "bricolage" dans la boîte noire où l’oeuvre devient plus scénique, deux personnages se sont farouchement imposés à Julie Andrée T. "J’ai encore de la misère à les digérer! ricane-t-elle. Il y a cette première qui chante au début et ne réapparaît plus, et il y a Rita, une dévergondée désillusionnée qui fait la morale. Elle fait partie de la nature et prend la parole."
Et à l’opposé des spectacles précédents du trio qui construisaient le paysage, Nature morte – d’abord expressionniste, spectaculaire – va vers la déconstruction, le minimalisme: "Il y a des effets, de la voix, du son, du chant. Des référents. Puis, Rita perd la parole, perd sa robe, devient un corps, puis une ligne. Du théâtral, on va vers le performatif", confirme Julie Andrée T.