Notes d’archives: James Frazer Stirling : Échelle humaine
L’exposition Notes d’archives: James Frazer Stirling, au Centre canadien d’architecture (CCA), souligne l’apport d’un grand architecte britannique.
Son nom ne vous est pas nécessairement connu. Pourtant, James Frazer Stirling (mort en 1992) fut un architecte primordial en Occident dans la seconde moitié du 20e siècle.
Comme l’explique Anthony Vidler, commissaire de l’exposition au CCA et historien de l’architecture, Stirling a conçu "une oeuvre d’une brillante originalité, mais difficile à catégoriser". Son travail a été mesuré à l’aune du "modernisme d’avant et d’après-guerre, du fonctionnalisme vernaculaire, du brutalisme, du rationalisme, du néoclassicisme, du postmodernisme". Alors où se situe Stirling dans toutes ces mouvances?
Héritier de l’architecture radicale et révolutionnaire de Le Corbusier, de Mies van der Rohe ou de Frank Lloyd Wright? Un "crypto-classique" s’inspirant des formes de l’architecture de la Renaissance et de l’Antiquité, comme dans le cas du célèbre musée Staatsgalerie à Stuttgart, réalisé au début des années 80? Ou serait-il plutôt un continuateur de l’architecture traditionnelle anglaise qui a réutilisé, entre autres choses, la brique rouge (dans des bâtiments à Cambridge et à Oxford)?
Pour résumer, pourrait-on parler d’un art de l’éclectisme? Stirling n’aimait pas l’appellation de postmodernisme, ni non plus celle de "nouveau brutalisme"… Il se voyait simplement comme un architecte contemporain. Certains le perçoivent en fait comme un de ceux qui ont développé une architecture moderne moins imposante, moins étouffante, ayant conservé de l’architecture ancienne une échelle plus humaine. Ce fut le cas, par exemple, avec ses projets d’habitations dans les années 60, qui furent souvent mal compris et malheureusement pour beaucoup détruits. Il a aussi été un architecte toujours très préoccupé par le contexte dans lequel ces bâtiments allaient être intégrés.
Une exposition comme le CCA en a le secret, avec une grande abondance de documents, de films, de photos, de dessins, de maquettes… Et beaucoup de textes à lire. Ce qui est pour nous une qualité. Une expo qui fait appel à l’intelligence du spectateur.
Cette présentation fut l’an dernier à l’affiche de la Tate Britain à Londres ainsi que de la Staatsgalerie à Stuttgart. Elle est ici augmentée de plusieurs documents importants tirés des archives du Fonds James Stirling / Michael Wilford (archives qui ont été données en 2000 au CCA).