Au pays des merveilles. Les aventures surréalistes des femmes artistes du Mexique et des États-Unis Au MNBAQ : Femmes libérées
Cet été, le MNBAQ nous offre un voyage Au pays des merveilles, pour suivre Les aventures surréalistes des femmes artistes au Mexique et aux États-Unis.
On l’attendait depuis le dévoilement de la programmation du Musée. Organisée par le Los Angeles County Museum of Art (LACMA) et le Museo de Arte Moderne (MAM) de Mexico, l’exposition regroupe 180 oeuvres de 47 femmes, et couvre cinq décennies, des années 1930 aux années 1970. Il s’agit d’un événement majeur qui "révèle tout un pan de l’histoire de l’art qui a été occulté, surtout quand on sait que les femmes ont été très nombreuses à participer au mouvement surréaliste", explique Michèle Grandbois, conservatrice de l’art moderne et coordonnatrice de l’exposition.
Sur les 47 femmes représentées, plusieurs sont originaires d’Europe et d’Asie, et ont immigré aux États-Unis durant la Deuxième Guerre mondiale. Elles étaient les femmes, amies, compagnes et élèves de surréalistes connus. Mais dans l’ensemble, l’exposition présente un bel équilibre entre Européennes, Américaines et Mexicaines. Elle donne l’occasion de voir des oeuvres d’artistes d’horizons divers telles que Louise Bourgeois, Helen Lundeberg, Kay Sage, Lee Miller et Rosa Rolanda, dont l’autoportrait se fait l’emblème de l’exposition. Également, une figure centrale, que l’on retrouve un peu partout dans les salles, l’Américaine Dorothea Tanning, grande pointure du surréalisme américain.
Au pays des merveilles laisse une belle part au Mexique, notamment avec les oeuvres de Remedios Varo, une Mexicaine d’origine espagnole. "Son travail est méticuleux, extraordinaire. Elle a une formation académique et était très intéressée par le Quattrocento, mais elle a su renouveler le contenu", précise la conservatrice. Difficile de ne pas se perdre dans la contemplation de ses tableaux d’une grande finesse et d’un sens du détail hors du commun, caractéristiques qu’elle partage avec la Mexicaine Frida Kahlo. De cette dernière, on peut d’admirer le magnifique Autoportrait au collier d’épines et d’autres oeuvres qui se font tour à tour touchantes, politisées ou carrément troublantes.
Au total, 10 thèmes rythment l’exposition et nous donnent une bonne idée des explorations des femmes, fines et très différentes de celles des hommes. Parmi ces thématiques, certaines possèdent une charge émotive très forte. Dans la première section, "Alice au pays des merveilles", on met la table. "On y présente toute la question de création dans un monde inconnu où il y a plein de surprises, parfois agréables, difficiles ou insolites", raconte Michèle Granbois. Puis, une section sur les portraits, assez importante. "L’art des surréalistes féminines est caractérisé par la quête d’identité. Les femmes se mettent souvent en scène, avec des animaux, des avatars." Ces dernières se sont également intéressées au corps féminin, mais de façon très différente des hommes: elles le lient au paysage, à la nature, ou encore à la fatalité et à la mort. "Ces femmes-là étaient profondément touchantes. Elles étaient très conscientes de leur réalité et de leur finitude."