Le sujet est totalement d’actualité. Les artistes contemporains se servent beaucoup des animaux, et pas seulement comme motif décoratif. On est loin de ces moments où Louis XIV ou Louis XV faisaient peindre leur chien de chasse favori ou de cette époque, plus récente, où Warhol a accepté la commande de Pierre Bergé de faire le portrait du chien Moujik d’Yves Saint Laurent pour son anniversaire (celui d’Yves, pas celui du chien – je ne sais trop ce qu’on a offert comme oeuvre de Warhol au chien pour son anniversaire). Les animaux servent de nos jours à traiter de sujets primordiaux comme l’écologie, les droits des animaux, les notions de classification, d’évolution, de monstruosité…

Mais le sujet était aussi casse-gueule. Les animaux ont été utilisés par bien des artistes, du très médiocre Joe Fafard (que ces vaches en bronze sont jolies!) à la formidable Louise Bourgeois (sa Maman, araignée gigantesque placée devant le Musée des beaux-arts d’Ottawa, est une réussite absolue). Un des grands mérites de cette expo est d’avoir fait une sélection d’artistes importants (du Chinois Ai Weiwei à Jana Sterbak, en passant par Mark Dion, Trevor Gould, Kiki Smith…) ainsi que d’avoir appuyé cette sélection par une réflexion et une recherche profondes sur le sujet. Le catalogue est à cet égard exemplaire. Il détaille, à travers plusieurs époques et à travers la pensée de plusieurs penseurs (Giorgio Agamben, Michel Foucault, Jacques Derrida…), l’évolution de la représentation symbolique des animaux. Comme l’explique Marie Fraser, cocommissaire de l’événement (avec François Letourneux): "À travers l’animal, c’est le rapport à l’autre qui est questionné. Il n’y a pas de définition en soi de l’animalité: l’animal sert souvent à l’homme à se définir."

Jusqu’au 3 septembre
Au Musée d’art contemporain
Voir calendrier Arts visuels

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L’art est une question

Profitez de cette visite au MAC pour aller voir La question de l’abstraction, montée par la commissaire Josée Bélisle. La sélection des oeuvres (une centaine, créées de 1939 à nos jours) est très intéressante et la présentation, très dynamique. Un seul reproche: l’absence de textes expliquant les divers courants et artistes. Voilà commentaire qui ne surprendra pas ceux qui connaissent le professeur que je suis. Pour le grand public, ç’aurait aussi été une nécessité.