Ryoji Ikeda : La musique de l’univers
La Fondation DHC nous fait découvrir Ryoji Ikeda, artiste multidisciplinaire radical ayant exposé à travers le monde.
Ryoji Ikeda est un compositeur et un artiste visuel d’origine japonaise vivant à Paris. Son oeuvre s’inscrit dans une mouvance de musique microscopique où des glitches, de légères "défaillances" électriques, des "cliquetis" viennent créer des paysages sonores qui peuvent à la première écoute sembler austères, mais se révèlent vite curieux, passionnants et, étonnamment, presque d’ordre spirituel. Le microscopique semble y rejoindre une dimension supérieure, un macrocosme.
Dans cet esprit, récemment, dans le cadre de la première Biennale internationale d’art numérique de Montréal, nous avons pu voir, au Musée d’art contemporain, l’important travail du Berlinois Carsten Nicolai, qui a d’ailleurs déjà travaillé avec Ikeda.
À la Fondation DHC, où est présentée l’oeuvre originale et singulière d’Ikeda, il vaudrait mieux commencer à l’envers, par l’annexe de la Fondation, au 465, rue Saint-Jean. Là, ses interventions, réunies sous le nom de datamatics, sont plus spectaculaires, enveloppantes, et le visiteur comprendra certainement mieux son travail visuel plus austère présenté dans l’autre bâtiment. Dans ses installations vidéo et sonores, dont data-tron et data-metrix, Ikeda semble tenter de se mettre à l’unisson avec l’univers! Précisons la chose. Le visiteur aura l’impression que l’artiste scanne le cosmos comme s’il était à la recherche de vie ou, à défaut, d’un ordre supérieur où la musique serait un outil de compréhension ou, plus encore, un de ses fondements. La science y rencontre les arts. On se croirait presque dans un planétarium (nouvelle génération).
Dans l’édifice adjacent, au 451, rue Saint-Jean, vous trouverez des oeuvres réunies sous le titre de systematics. Vous verrez toute une série d’images qui tiennent souvent du microscopique, de l’infiniment petit, images qu’il faudra d’ailleurs souvent regarder avec une loupe et qui semblent tenir du presque rien. Plein de thèmes que nous connaissons bien dans nos sociétés modernes et postmodernes y sont interrogés: le système, le systématique, la mécanisation, la répétition, le code, la codification, le système binaire (qui trouve un écho dans le duo ombre/lumière)… On y tombe parfois dans la facilité avec, par exemple, l’insertion d’un rouleau perforé pour piano mécanique. Néanmoins une oeuvre totalement passionnante.