"Parodies et caricatures sont les plus pénétrantes des critiques", écrivait un jour Aldous Huxley. L’ensemble de dessins présenté actuellement par le Musée McCord, sous le titre La fin du monde… en caricatures!, illustre parfaitement le propos de l’auteur du Meilleur des mondes.

L’intérêt de cette expo, qui rassemble 175 oeuvres originales (dont neuf inédits) de 16 caricaturistes québécois, réside évidemment dans la qualité des pièces présentées, mais aussi dans l’angle retenu pour explorer un corpus où l’on trouve forcément de tout. La fin du monde, ici, ne désigne pas seulement les grands conflits armés des dernières décennies, les inquiétudes environnementales ou encore la prétendue prophétie maya selon laquelle nous allons tous casser notre pipe en choeur le 21 décembre prochain. Elle désigne aussi toutes ces petites fins du monde qui ponctuent nos vies: défaites crève-coeur du Canadien, aléas de la circulation dans les rues de Montréal, réélection de Stephen Harper…

Le thème est large, donc, et permet de mesurer à quel point les Chapleau, Aislin, Garnotte, Beaudet, Bado, Godin (salut à cet ancien de Voir!) et autres ont souvent su mettre le doigt sur ce qui, pour le meilleur ou pour le pire, façonne notre monde comme notre inconscient collectif. Comme dans toute bonne caricature, le drôle côtoie partout le grave, et les quelque 150 années d’actualité survolées ici, des grandes épidémies d’il y a un siècle à la récente chute des dictateurs du monde arabe (chapeau à Pascal et ses figures de bourreaux qui s’écoulent comme le sable dans un sablier), en passant par la montée du nazisme en Europe dans les années 1930, nous placent constamment entre le rire et les larmes.

Une expo plus émouvante que ce que l’on pourrait croire, montée avec grand soin par le commissaire Christian Vachon et qui, bonne nouvelle, se poursuit jusqu’en janvier 2013.

À moins que…

Jusqu’au 26 janvier 2013
Au Musée McCord