Symposium international d’art contemporain de Baie-Saint-Paul : O vertigo
C’est à perdre nos repères que nous invitent le Symposium international d’art contemporain de Baie-Saint-Paul et son commissaire, Serge Murphy.
La thématique "Je fixais des vertiges" est tirée d’un poème d’Une saison en enfer de Rimbaud. L’homme à tout faire montréalais Serge Murphy (il est sculpteur, vidéaste, critique, commissaire et poète) nous invite à aborder la notion de vertige à travers deux axes complémentaires, mais fort opposés: dépouillement et profusion. Il s’agit ici de créer un dialogue entre ces pôles de l’art actuel. D’une part, le commissaire associe le vertige au vide, au moins et au presque rien, qui peuvent nous déstabiliser à travers des oeuvres dépouillées. Nous sommes ici confrontés à l’absence, mais aussi à ce peu qui dit beaucoup. D’autre part, la perte de repères se lie à l’excès, au plein, au trop. Elle crée le vertige par ce sentiment de ne savoir où donner du regard, dans ces abondances de signes, de matières, de couleurs.
Parmi les 12 propositions des artistes, quelques-unes ont retenu notre attention. Jim Holyoak creusera un labyrinthe fait de tunnels en papier, dessins et rebuts et invitera le public à entrer dans sa caverne. Le travail de Jonathan Plante s’inscrira entre performance, collage, dessin, sculpture et vidéo avec une animation image par image, passant du 2D au 3D en intégrant des murales et des moulages translucides, selon un scénario improvisé. L’Haïtienne Tessa Mars, qui travaille sur l’identité collective, son imprégnation dans l’espace public et son impact sur l’identité personnelle va recréer un espace collectif in situ, intégrant une trame sonore réalisée à partir de sons enregistrés à Port-au-Prince et des échanges avec le public du Symposium. Marc-Antoine K. Phaneuf, qui était de passage récemment à L’OEil de poisson, récidive avec ses ready-mades issus de la culture kitsch et populaire en nous offrant le projet Ultime Harlequin; il construira à partir de pages de ces romans sirupeux un récit nouveau à l’aide du public, tout en créant, avec les couvertures, une grande murale que l’on anticipe mielleuse à souhait. Finalement, Carole Baillargeon, artiste bien connue dans la région, travaillera sur la dernière saison de ses Paysages-vêtements, qui prendra la forme d’une installation en trois dimensions qui glissera du jeu de la séduction vers un trop-plein vertigineux.
Comme à chaque édition, le Symposium est rempli d’une foule d’activités parallèles. Notamment la soirée d’ouverture (3 août), avec rencontre des artistes, défilé dans les rues et le groupe Pé na Rua. En d’autres temps, les visiteurs pourront assister à une visite commentée du commissaire, à la performance In museum de Marie Chouinard, à un concert de Sylvie Laliberté et à une table ronde sur la notion de vertige. À noter: durant les derniers jours, on présente Le Symposium vu par Raymonde April, projet qui sera réalisé à partir d’images de la dernière semaine de l’événement.
Jusqu’au 2 septembre
En divers lieux