Zakari Gilbert / Moscographie – Époques et réalités photographiques : Aujourd’hui, naguère, ici et là-bas
Dans l’air rafraîchi de la fin d’été et l’odeur de la rentrée, L’Établi nous offre une dernière exposition estivale, Moscographie – Époques et réalités photographiques.
Jusqu’au 1er septembre, la galerie est imprégnée de l’ambiance de Moscou la mystérieuse, croquée par le photographe de Québec Zakari Gilbert. L’exposition est la quatrième que l’homme consacre à cette ville. Marié à Ioulia Kounina, femme de lettres d’origine russe, Gilbert a eu l’occasion de faire plusieurs séjours à Moscou, séjours qui lui ont permis d’apprivoiser la ville pour se débarrasser de son regard de profane.
C’est un point de vue bien personnel sur la capitale russe qu’il nous offre avec Moscographie. À mi-chemin entre impressions et documentaire, l’exposition nous plonge dans un monde hybride, mélangeant les lieux, les époques et les techniques. Des photographies d’archives des années 1970-1980, traces quotidiennes du régime soviétique, se superposent à celles que Gilbert a croquées en 2011 et 2012, à l’aide d’appareils argentiques, dont deux sont de fabrication russe.
Images en surimpression et doubles expositions se côtoient dans une ambiance contemplative, intime et en même temps universelle. Une ambiance qui se goûte presque comme une balade dans une Moscou en deux temps, où les figures humaines, et celle, récurrente, d’une fillette, nous offrent des instants présents qui semblent à la fois lointains et actuels. Et comme s’il faisait parler ces personnages, le photographe a intégré des textes de sa conjointe, poésies qui se font traductions des états d’âme dans lesquels nous plongent les images.
Pour accompagner les photographies, de couleur ou de noir et blanc, l’artiste a créé une trame sonore, un collage où s’amalgament différentes sonorités au caractère nostalgique et parfois enfantin. Afin de réaliser cette dernière, Zakari Gilbert s’est fait glaneur, enregistrant des sons dans la rue avec son iPod: groupes de musiciens itinérants, ritournelles d’enfants, musiques diffusées dans des radios. S’ajoute également à l’exposition une projection de photos, d’archives ou de l’artiste, mêlant dans un fondu fluide personnages, lieux et symboles, encore une fois actuels et passés.
Moscographie – Époques et réalités photographiques est une exposition à savourer lentement. Cependant, malgré un caractère personnel bien présent, on sent derrière celle-ci une volonté presque pédagogique qui, tout en la rendant accessible, en atténue parfois la charge émotive. ?
Jusqu’au 1er septembre
À L’Établi