Au-delà du réel : Trompe-l'oeil
Arts visuels

Au-delà du réel : Trompe-l’oeil

La Galerie de Bellefeuille a rassemblé une série d’oeuvres parmi les plus représentatives du photoréalisme. Regard sur une pratique artistique loin de faire l’unanimité.

Aux antipodes de l’artiste qui traduit en toute liberté le monde et ses mouvements, le photoréaliste est obsédé par la réalité. Son instrument premier, d’ailleurs, n’est pas le pinceau mais l’appareil photo. Il croque le sujet souhaité puis en projette l’image sur un canevas, pour ensuite le reproduire le plus fidèlement possible.

Pour encore quelques jours, la Galerie de Bellefeuille présente Au-delà du réel, une exposition qui réunit quelque 61 pièces des grands noms du photoréalisme, selon le terme créé en 1969 par le marchand d’art new-yorkais Louis K. Meisel. Parmi eux, six des treize photoréalistes d’"origine", soit Tom Blackwell, Audrey Flack, Ralph Goings, Ron Kleemann, Richard McLean et Ben Schonzeit.

Les thèmes de prédilection de ces fous du détail? Les bonbons, pâtisseries et autres natures mortes du registre alimentaire (les tartelettes de Luigi Benedicenti ou les friandises de Roberto Bernardi sont certes insipides, mais d’un réalisme à couper le souffle), les camions, voitures et motos (celles de Blackwell semblent prêtes à s’élancer sur les routes) et bien sûr les portraits (Hubert de Lartigue peint jusqu’aux poils des narines).

Alors, c’est de l’art ou pas? Qu’on aime le résultat ou non, il pose des questions intéressantes, qui ne peuvent être évacuées sous le simple prétexte d’un total asservissement de l’artiste à la réalité. Les amateurs du genre prétendront que le photoréalisme n’est pas que le fruit d’un savoir-faire, mais aussi une réponse à un art contemporain parfois désincarné, ayant évolué au mépris de la technique. Ces nostalgiques des primitifs flamands célébreront la maîtrise du geste et avanceront que l’invention réside au fond dans le choix du sujet et l’angle de vue retenu.

On veut bien. Mais le moins qu’on puisse dire, c’est qu’il n’y a là rien qui nous mène "au-delà du réel".

Jusqu’au 2 octobre
À la Galerie de Bellefeuille