Jean Gaudreau : Métaux précieux
Jean Gaudreau est le premier d’une série d’artistes à exposer le fruit d’un travail conçu à partir des fragments du toit du Château Frontenac. Plus qu’un simple détour pour l’artiste, cette démarche l’a poussé vers une nouvelle avenue.
Marchant de droite à gauche et découvrant derrière chaque tableau récent un autre ouvrage de la même eau qui, ensemble, révèlent une production aussi massive qu’inspirée, Jean Gaudreau arpente son atelier avec un enthousiasme renouvelé. L’artiste a beau vivre de sa peinture depuis une vingtaine d’années, on devine chez lui un mélange de soulagement et d’exaltation devant la nouvelle avenue qui s’offre, et qui relève d’une démarche où la figure imposée s’est transformée en contrainte providentielle.
Quand le Château Frontenac a proposé à des artistes de Québec de récupérer des fragments du toit de cuivre que l’hôtel remplace en ce moment, Gaudreau ne se doutait pas que l’ajout de ce matériau allait lui permettre de trouver un nouveau souffle dans sa pratique. "Il y a déjà un public qui aime ce que je fais, mais comme artiste, on ne veut pas se répéter à l’infini. En intégrant les morceaux de cuivre, j’ai évacué ce qui restait de figuratif dans mes tableaux. Les morceaux de toit ont imposé des formes, des lignes, des textures nouvelles", expose-t-il.
Sur des toiles collées à des panneaux de contreplaqué, l’artiste appose des morceaux de cuivre bruts, qu’il a découpés, et dont le niveau d’oxydation (et donc la couleur) varie. Il les fixe à l’aide de vis, donnant l’impression parfois qu’une série de rivets en trace le pourtour, puis il peint avec ce qui ressemble à une ferveur nouvelle, mais en continuité avec l’expressionnisme qu’il favorisait. "Je m’en vais ailleurs, par contre. Je peins sur chevalet plutôt que par terre, je déchire parfois la toile, les niveaux de peinture et les couleurs se superposent, les lignes aussi, et les formes prennent de l’importance."
Gaudreau soulève un tableau, montrant l’imposante pièce qui se cache derrière, sa composition animée par une série de plaques de cuivre vert qui créent un cercle incomplet. Une métaphore du travail de l’artiste qui s’appuie sur la contrainte pour que ses oeuvres se mettent en forme.
De fond en comble
Du 3 au 10 octobre
Au cellier du Château Frontenac