Stéphane Gilot / La cité performative : Monde possible
OEuvre hybride conjuguant performance et maquette, La cité performative de Stéphane Gilot nous offre de poser notre regard sur l’urbanisme et l’architecture.
L’installation, créée en 2010, se veut une synthèse d’étape pour l’artiste, qui travaillait depuis quelques années sur deux séries de projets qui évoluaient en parallèle. D’une part, Mondes modèles, série constituée de projets basés sur des modèles réduits et des vidéos, lui permettait, à travers de vastes ensembles, de parler d’urbanisme et d’échelle urbaine. D’autre part, les Plans d’évasion sont des expériences d’habitat qui mettent en avant les relations interpersonnelles. Pour Stéphane Gilot, ce projet s’imposait comme une nécessité, celle de présenter le fil conducteur de sa réflexion. « Grâce à l’usage de maquettes, j’ai intégré des modèles réduits qui renvoient aux Plans d’évasion, dans le but de créer une construction, un monde virtuel où le récit global de ma démarche est unifié. »
Au coeur de la démarche de Stéphane Gilot se trouve une réflexion sur le monde, qui s’articule autour de l’urbanisme et de l’architecture et des notions d’utopie et de dystopie. « J’ai toujours été intéressé par les constructions idéologiques, les visions du monde. L’urbanisme est un système mental qui a des implications sociales et politiques. Il est souvent habité par des projets idéologiques ou pragmatiques, qui incluent ou non un intérêt pour la beauté ou la qualité de vie, par opposition au rendement. Pour moi, tout ça est lié, et c’est pour cette raison que je m’intéresse à l’architecture et à l’urbanisme. »
La cité performative recrée une ville, un lieu qui doit être habité. Pour cette raison, Stéphane Gilot a joué au commissaire et a invité des artistes de la performance à créer des oeuvres destinées à être présentées dans les écrans disséminés dans l’installation. « L’idée était de proposer un lieu où les habitants sont des artistes de la performance, dont le travail sert souvent à tester les limites de ce qui est socialement acceptable comme comportement. Avec La cité performative, on va a contrario de cette pratique. Les performeurs habitent la cité, la maquette, et leurs gestes deviennent la norme de cette cité-là, plutôt que d’être hors norme. » Parallèlement, Stéphane Gilot considère que les performeurs ont apporté un souffle unique à l’oeuvre à travers du contenu qui ne provient pas de lui. « Ça permet d’apporter de l’inconnu dans un projet qui sinon serait froid ou fermé. Travailler avec eux, c’est amener de la complexité, du danger et du mystère dans un monde que je génère et que je veux ouvert. »
Jusqu’au 24 février
Au Musée national des beaux-arts