Alfred Pellan / Musée national des beaux-arts du Québec : Nouvelle administration
Avant d’envoyer dans ses voûtes les quelque 1000 objets d’art signés Alfred Pellan dont il a hérité, le Musée national des beaux-arts du Québec en expose quelques pièces. Fugaces beautés.
Les racines de la relation unissant Alfred Pellan (1906-1988) et le Musée national des beaux-arts du Québec (MNBAQ) plongent en profondeur dans le terreau de l’art au siècle précédent. "C’est ici qu’on a organisé sa première rétrospective à son retour au Québec, en 1940", souligne la directrice générale, Line Ouellet.
Pellan revient alors de Paris, où il s’est frotté aux pointures de l’art européen, prêt à en découdre avec les conservateurs d’un académisme formel qui ignore les révolutions qui se trament outre-Atlantique. L’exposition au MNBAQ est la première d’une série qui témoignera, au fil du temps, et bien après la mort de l’artiste, de l’importance capitale de celui-ci dans l’évolution de l’art québécois.
Plus de 70 ans plus tard, le Musée devient le plus grand dépositaire de l’oeuvre de Pellan lorsque sa veuve, Madeleine (décédée en 2010), lègue à l’institution plus de 1000 objets d’art. Des tableaux, des dessins, "mais aussi un fond d’atelier, ce qui est assez rare au Québec" expose Mme Ouellet. "Si on compare à de grands artistes européens comme Rodin ou Picasso qui, conscients de leur stature, s’appliquaient à conserver toutes les traces qu’ils laissaient, ce genre de choses est beaucoup plus rare au Québec, où plusieurs fonds d’atelier, comme celui de Marc-Aurèle Fortin, ont complètement disparu. Heureusement, Madeleine, la femme de Pellan, gardait tout. C’est souvent l’entourage et la descendance qui se chargent de conserver ces articles précieux."
Et plutôt que de les envoyer directement dans la réserve, le Musée a eu la riche idée de montrer au public quelques oeuvres, sans explications ni mise en contexte, exposées le plus simplement, le temps d’une fin de semaine. Dans le lot, on trouve quelques masques et tableaux plus classiques, mais aussi des oeuvres sur papier, des dessins préparatoires, des tableaux glauques et troublants datés du milieu des années 70, de la sculpture humoristique: autant de témoins de l’évolution de l’artiste et de sa volonté de se renouveler jusque tard dans sa vie. "Nous sommes beaucoup dans la lenteur dans les musées, poursuit Line Ouellet. C’est très bien, il faut ce recul et l’analyse, mais nous avons pensé que ce serait bien de faire profiter les gens de ces oeuvres tout de suite, spontanément." Après tout, elles appartiennent à tout le monde désormais.
Du 26 au 28 octobre
Au Musée national des beaux-arts du Québec