Sébastien Gaudette / Les théories inconnues : Théorie du chaos
Sébastien Gaudette, dessinateur en bâtiment défroqué, élabore Les théories inconnues sur des plans d’architecte. Parce que le chaos n’attend qu’un cadre cartésien pour se déchaîner.
C’est la première chose qu’on balance à Sébastien Gaudette: "Mec, il y en a beaucoup, hein, des crânes sur les dessins que regroupe ton exposition Les théories inconnues. Peut-on parler d’une fascination morbide?"
"Pas vraiment. Quand j’ai commencé à faire des crânes, je ne voulais surtout pas que ça ait l’air violent. On dit que la ligne est mince entre la vie et la mort et moi, le crâne, je trouve que ça représente le commencement d’une nouvelle étape. Je sais cependant que pour la plupart des regardeurs, le crâne sera synonyme de mort, de noirceur. Et je ne vais surtout pas leur dire: "Non, c’est moi qui ai raison.""
Diplômé en dessin de bâtiment, Gaudette appartient à cette catégorie d’artistes qui aiment à brouiller les pistes en mitraillant le regardeur d’une abondance de stimuli de différentes natures disséminés sur le papier: taches, traits, personnages, animaux, bouts de textes tronqués, etc. Organes, quidams, ours et crânes trouvent refuge dans ce maelstrom, mi-bestiaire, mi-cimetière halluciné, recouvrant une narrativité qui ne demande qu’à se fixer dans l’oeil du regardeur. "Je donne beaucoup d’informations, mais j’en efface beaucoup aussi, c’est pour ça qu’il y a des bavures, des parties gommées, des mots difficiles à déchiffrer, explique l’artiste. Le regardeur est confus, il est contraint à chercher. J’ai aussi commencé à intégrer des définitions dans mon travail, qui évoquent les notes sur les plans des dessins techniques."
Partisan de la mixité des procédés (dessin, peinture, fusain, pastel, aérosol, collage) et praticien du remix pictural (ses Demoiselles d’Avignon font passer celles de Picasso pour des nonnes), l’autodidacte Gaudette ne sera pas demeuré le dessinateur en bâtiment auquel ses études le destinaient, mais il réconcilie dans son oeuvre l’aspect très cartésien de ce métier et la liberté absolue de l’artiste qu’il est devenu. "La majorité des dessins ont été faits sur des plans d’architecte, les cartouches [zones d’information] sont encore visibles. La présentation est très clean et l’oeuvre en tant que telle, souvent beaucoup plus chaotique."
Les théories inconnues
Jusqu’au 18 novembre
À la Maison des arts et de la culture de Bromptonville