E Tu Ake – Maori debout / Musée de la civilisation : Un peuple debout
Pont entre passé et présent, entre l’artistique et l’usuel, entre les peuples fondateurs d’Amérique et d’Océanie, E Tu Ake est une fenêtre avec vue sur les traditions maori de Nouvelle-Zélande.
Célébrée mondialement grâce au haka rituel que pratique la populaire – et redoutable – équipe néo-zélandaise de rugby (les All Blacks) ou pour la superbe iconographie de ses tatouages, la culture maori demeure trop peu connue. Du moins si on la compare à celles d’autres peuples autochtones.
Et tandis que le long métrage Once Were Warriors (1994) traçait de nombreux parallèles entre les écueils modernes des communautés maori et des Premières Nations d’Amérique, l’exposition que présente le Musée de la civilisation de Québec construit elle aussi des ponts entre les destins de ces peuples, mais cette fois, à travers la culture, l’art et leurs préoccupations spirituelles.
E Tu Ake (qui signifie "Maori debout") est une exposition sous le signe de la fierté, célébrant cette culture à travers 155 objets qu’on promet d’un extrême raffinement, dont 68 trésors nationaux. Armes, bijoux, objets d’ébénisterie, instruments de musique et proues de pirogues comptent parmi les témoins matériels du souci de cette communauté de s’inscrire dans l’écologie, avant la lettre.
D’ailleurs, le terme maori inscrit l’humanité dans le règne terrien, puisque le mot désigne les humains, cette appartenance à la terre les distinguant des dieux.
E Tu Ake s’attarde donc d’abord à la généalogie, l’une des grandes préoccupations de ce peuple qui ne manque pas de remonter jusqu’à quelques dizaines d’aïeux afin de mieux planter ses racines dans le présent. S’appuyant sur le concept de I Mua I Muri ("le passé est devant, l’avenir est derrière"), l’exposition fait se côtoyer vestiges culturels et art contemporain, alignant une remarquable collection d’objets rituels et usuels (pendentifs, bâtons de combat, panneaux de maisons de réunion, armes de jade et oeuvres d’artistes marquants de la culture moderne néo-zélandaise, comme les superbes abstractions de Darryn George).
En trois temps (généalogie, façon d’être, puis protection et tutelle), cette réalisation du Museum of New Zealand Te Papa Tongarewa est une occasion rare de s’immerger dans les traditions séculaires préservées de l’extinction, désormais fierté d’une nation. On ne manquera pas de faire quelques comparaisons avec le sort réservé aux arts des peuples ancestraux d’Amérique, puisqu’il s’agit là, comme le propose le directeur général du MCQ, Michel Côté, d’une occasion "d’aller plus loin dans notre vision de la société et dans notre compréhension du monde".
Jusqu’au 8 septembre 2013
Au Musée de la civilisation