Les Plasticiens et les années 1950-1960 : Couleurs et géométrie
Arts visuels

Les Plasticiens et les années 1950-1960 : Couleurs et géométrie

Ils étaient quatre. Jeunes, avant-gardistes. Dès 1953, les Plasticiens se regroupaient et commençaient à créer des œuvres dotées d’un même idéal esthétique. Regard sur une époque charnière pour l’art québécois.

La première exposition dédiée au mouvement plasticien. C’est ce que se targue de présenter le Musée national des beaux-arts du Québec sur son site officiel. Sans être une exposition rétrospective, Les Plasticiens et les années 1950-1960 présente le travail des pionniers (Jauran, Louis Belzile, Jean-Paul Jérôme, Fernand Toupin) et de ceux qui ont suivi: Molinari, Tousignant, Gaucher et Gagnon. Plus de 70 œuvres conjointement sélectionnées par Roald Nasgaard de la Varley Art Gallery of Markham et Michel Martin, ex-conservateur au MNBAQ à la retraite depuis 2008. «Je suis entré alors que le train était déjà en marche. M. Nasgaard voulait être aidé d’un Québécois, parce que le mouvement l’est. Et moi, depuis 1978, je me spécialise en art contemporain.»

Regroupant principalement des toiles, mais aussi quelques sculptures et des documents d’archives, l’exposition témoigne de la rapide évolution des artistes d’ici pour qui tout a commencé à L’Échouerie, un restaurant de Montréal accueillant penseurs, musiciens et particulièrement les artistes visuels d’une certaine contre-culture. «Les Plasticiens contestaient l’académisme, l’art des musées. C’est pour ça qu’ils exposaient leurs œuvres à L’Échouerie, un lieu semblable à Méduse ou au Cercle aujourd’hui», explique le co-commissaire Michel Martin. Un endroit quasi mythique, que tous pourront découvrir par le truchement d’un reportage vidéo réalisé par l’ONF dans les années 1950, présenté dans l’une des salles.

Des peintres en osmose avec leur époque, inspirés par Mondrian et Klein, même s’ils n’étaient en contact avec la scène new-yorkaise que par les magazines. «En 1956, des œuvres radicales de Guido Molinari et Claude Tousignant ont eu un impact très fort. Les réactions ont été négatives et les gars ont décidé de prendre du recul. Ils avaient brûlé des étapes.»

S’ensuivront, quelques années seulement plus tard, leurs accélérateurs chromatiques étourdissants, même psychédéliques, eux aussi présentés dans le cadre de l’exposition. Une peinture de sensations, pour reprendre les mots de Michel Martin, créant des réactions physiques bien réelles et intenses chez celui qui regarde.