Guillaume D. Cyr et Yana Ouellet : Nous n'irons plus au bois
Arts visuels

Guillaume D. Cyr et Yana Ouellet : Nous n’irons plus au bois

Paysages quasi martiens, vestiges d’un déracinement, ruines: Gaspésie Human Less partie II, de Guillaume D. Cyr et Yana Ouellet, nous ramène au cœur de cette région malmenée par les industries.

On se rappellera la partie 1: les photographes avaient parcouru la route 132 en Gaspésie et avaient croqué, dans le gros et le détail, 50 maisons abandonnées. Pour la deuxième partie, ils n’ont sillonné que les routes de l’arrière-pays de la baie des Chaleurs, à la recherche de vestiges de l’époque de l’exploitation forestière.

Sujet différent mais similaire, puisque l’abandon des choses est aussi au cœur de ce deuxième volet. «On a fait nos photos dans des villages, des colonies de bûcherons datant de l’époque où les gens ont dû aller travailler dans le bois quand il n’y a plus eu assez de poisson dans la mer. Puis, le gouvernement, jugeant qu’ils coûtaient trop cher à entretenir, a fermé les villages et relocalisé les gens sur le bord de la côte, pour concentrer la population», explique Guillaume D. Cyr.

Et une fois l’industrie épuisée, abandonnée, il ne reste que des traces. Celles de la machinerie utilisée pour l’exploitation forestière, des écoles abandonnées, des arbres broyés et des paysages défigurés. Mais aussi, celles, en filigrane, des gens qui ont habité ces terres. C’est sur tout cela que les deux artistes ont posé leur regard, dans une démarche pas tout à fait documentaire, qui résonne de qualités esthétiques fortes. Et, surtout, d’un regard sensible.

Ici encore, l’exposition a été pensée pour l’espace de L’Établi. Au total, 23 boîtes lumineuses présenteront ces images de la Gaspésie. L’effet promet d’être saisissant. «Les photos ont un côté un peu spectaculaire, un peu martien, postapocalyptique. On ne sait pas où on est ni ce que sont ces pièces abandonnées au milieu du paysage. On cherche à créer un contraste fort entre l’effet spectaculaire des photos en boîtes lumineuses aux couleurs saturées, tape-à-l’œil, et les images d’une industrie scrap, qui est allée voir ailleurs.» Dans la salle d’exposition, aucune autre lumière que celle émanant des boîtes. Et comme on ne présente que 26 photographies sur les 80 que contient le livre, on pourra consulter ce dernier en écoutant une trame sonore originale composée par Yana Ouellet.

Ce travail sur la Gaspésie constitue l’avant-dernier volet de la trilogie. Dans la dernière partie, on assistera à un retour de la figure humaine. «On fera le portrait de personnes âgées, d’hommes qui ont quelque chose à raconter sur la Gaspésie, qui y ont vécu toute leur vie», précise Guillaume D. Cyr. «On veut savoir ce qu’ils pensent de l’industrie du pétrole qui s’en vient, sachant ce qui est arrivé à la mer et au bois.»

 

Vernissage le 15 mars dès 17h