Denis Pellerin : À voir au Musée des beaux-arts de Sherbrooke
C’est un cliché qui ne serait pas un cliché s’il ne se vérifiait pas la plupart du temps: zieuter des toiles sur la Toile ou dans un catalogue et les voir de visu dans la salle silencieuse d’un musée sont deux expériences qui ont à peu près autant en commun qu’une partie de curling et un combat d’arts martiaux mixtes. Irréfutable vérité d’autant plus vraie dans le cas de Pellerin, première rétrospective solo consacrée à l’œuvre du natif de Ham-Nord Denis Pellerin, présentée au Musée des beaux-arts de Sherbrooke.
Ambitionnant de redorer le blason de certaines matières dites pauvres, Pellerin intègre à ses collages à haute teneur en couleurs papier journal et fonds de pots de peinture séchés, créant ce que la conservatrice Sarah Boucher nomme joliement un «effet nénuphar» (ces fonds de pots de peinture séchés, des cercles aux contours retroussés qui constellent les immenses toiles, rappellent en effet des nénuphars).
Travaillées en aplat dans l’atelier par l’artiste qui jette d’abord la peinture sur le canevas avant de généreusement la triturer, ces œuvres procédant par accumulations, tout en reliefs et en saillies, évoquent la plupart du temps un enchanteur chaos originel, mais peuvent aussi susciter un certain dégoût (Pellerin l’admet lui-même). C’est le cas de cette table enduite d’épaisses couches de matières ayant quelques cousinages esthétiques avec un «marécage coloré» (dixit la conservatrice), description plus élégante que le rustre «touffe de moisissure» qui nous venait à l’esprit. Merci, madame Boucher. À l’affiche jusqu’au 31 mars.