Paul Béliveau, Martin Bureau, Guillaume D. Cyr et David Desjardins: Le ravissement du désordre : Le diamant brut
Au cœur du Vieux-Québec, dans un espace brut investi par quatre créateurs, Le ravissement du désordre nous montre la poésie de la ruine et la beauté de la désolation.
C’est à l’initiative du photographe Guillaume D. Cyr que l’on doit le projet. Intéressé par l’espace qui deviendra Le Diamant, de Robert Lepage, il a contacté Vincent Masson, directeur du développement à Ex Machina, afin d’y faire une exposition. Au fil de conversations, se sont joints David Desjardins, Martin Bureau et Paul Béliveau.
«Le lieu est magnifique, s’exclame Guillaume D. Cyr. On veut que les gens viennent voir l’espace avant la transformation.» Il faut le dire, le Diamant, brut, est très inspirant. Il a été réduit à sa structure, les fenêtres sont grandes et nombreuses, la brique, omniprésente, et les plafonds, hauts. Il ressemble plus à un chantier de construction qu’à une galerie. Et c’est ce qui les a séduits. «Le lieu est tellement inspirant qu’il devient le cinquième artiste», dit Martin Bureau.
Dès le départ, les créateurs savaient que l’espace créait un pont entre le travail de chacun. «Ce qui vient unir le travail de tout le monde, c’est le délabrement, mais aussi la beauté dans le délabrement, dans le désordre, l’horreur, la détresse humaine. On en traite tous. Et on a une volonté d’extraire une beauté de tout cela, même si elle est tragique», explique David Desjardins.
Travailler dans et à partir d’un tel endroit représente un bel espace de liberté. «On n’a de pression de personne d’autre que nous-mêmes. Et on se fait plaisir en dialoguant avec le lieu et entre nous», note Martin Bureau. Paul Béliveau renchérit: «Tout ce qu’on avait en tête est possible ici. Ce n’est pas aseptisé comme dans les galeries. L’espace nous appartient, et on le squatte à notre façon.»
C’est d’ailleurs ce qu’a fait Martin Bureau, qui a travaillé in situ sur un grand tableau montrant le parlement en flammes. Il ancre localement l’exposition, mais présente également une douzaine d’œuvres tirées de La tempête parfaite, qui constituent un extrait de son abécédaire de lieux du monde dont l’ensemble constitue ce qu’il appelle «un portrait entropique du monde».
Paul Béliveau expose des autodafés de très grand format. «C’est un peu l’achèvement de mes livres. Je voulais créer quelque chose de dramatique et investir ce lieu constituait l’occasion de m’y mettre», explique-t-il. Parallèlement, il expose de petits tableaux de la série Capture, mettant en scène des événements marquants tels que les attentats du 11 septembre 2001.
Pour sa part, David Desjardins propose La guerre à l’intelligence, une installation littéraire qui amène les spectateurs à marcher dans des milliers de flyers aux slogans cinglants. «Je parle beaucoup de l’aliénation, de la difficulté de vivre.» Et pour incarner ses propos, Fabien Cloutier livre un monologue en personnage aliéné.
Quant à Guillaume D. Cyr, il présente son projet Tchernoland, qui traite du tourisme de catastrophe. «Je photographiais les touristes en train de photographier les lieux. Et je passais incognito, je n’avais pas plus l’air d’un photographe qu’un autre.» Qu’elles soient sur les murs ou dans des boîtes lumineuses, ses images offrent un constat désolant de la disnéification de Tchernobyl.
Du 11 mai au 2 juin
Vernissage le 11 mai, de 14h à 18h
Au 795, rue des Glacis