Le grand atelier d'Alfred Pellan au MNBAQ : Les univers d'Alfred Pellan
Arts visuels

Le grand atelier d’Alfred Pellan au MNBAQ : Les univers d’Alfred Pellan

Pour l’été, le MNBAQ vous invite à découvrir l’effervescence créatrice d’un homme pour qui l’art se vivait au quotidien avec Alfred Pellan. Le grand atelier.

À l’origine de l’exposition, un important, voire très important legs de Madeleine Poliseno-Pelland: plus de 1000 œuvres, et une quantité d’archives encore plus impressionnante. Avec cette donation, le musée devenait le plus grand dépositaire des œuvres de Pellan. Rapidement, les gens du MNBAQ ont sauté sur l’occasion pour monter une exposition d’envergure, la première depuis 20 ans que l’on consacre à cet artiste majeur de l’art québécois. 

L’atelier tel que le perçoit Eve-Lyne Beaudry, commissaire de l’exposition et conservatrice de l’art contemporain au musée, s’étend nettement au-delà du lieu de création. «On veut donner accès à l’expérience mentale de l’artiste. On entre dans son univers créateur, autant par les processus que par les thématiques qui l’ont animé depuis les débuts de sa création. Avec les archives, on pénètre aussi dans son univers intime.» À travers l’exposition, on découvre un artiste drôle, grivois et très humain. «Depuis que j’ai eu accès à ce legs, mon regard sur Pellan a beaucoup changé. Il semblait être une personne qui riait beaucoup, et qui avait une belle vie très simple, avec sa femme Madeleine», raconte la commissaire. 

Le grand atelier nous présente un homme qui respirait l’art, un artiste pour qui tout, mais alors vraiment tout, était susceptible d’être transformé en œuvre. En témoignent les diverses formes d’expérimentation mises de l’avant. Peinture phosphorescente, taches de colle, riz, tabac, grains de café, verre dépoli, silice et autres étaient intégrés dans ses toiles, pour y ajouter effets, consistance, texture. Outre la peinture, il a pratiqué la sculpture, le collage et, surtout, le dessin. «Il était toujours en train de dessiner. Le dessin est réellement à la base de son œuvre accomplie», note Eve-Lyne Beaudry. Pour cette raison, l’exposition regorge de croquis, d’esquisses et d’œuvres achevées. 

On ne saurait résumer Pellan à un seul style, à une seule manière. «Il voulait être libre et indépendant, c’était sa ligne de conduite. Sa façon de l’être était d’explorer diverses méthodes.» Il a expérimenté les manières fauves, cubistes, surréalistes et a toujours souhaité sortir des cadres. L’exposition nous montre des œuvres presque abstraites, qu’on n’aurait pas accolées à l’artiste, ainsi que d’autres créées à partir de l’écriture automatique. «Même si Pellan était à l’encontre de l’automatisme pur de Borduas et ses acolytes, il n’a jamais nié qu’il utilisait l’écriture automatique», explique la commissaire. Chez Pellan, la frénésie de création était telle qu’il a transformé des pages de magazines en bestiaires et qu’il a détourné des cartes postales et des caricatures pour se les approprier. Le tout avec un sens de l’humour notable. Il a même créé des bestiaires à partir de reproductions d’œuvres d’artistes comme Léon Bellefleur et, ironiquement, de reproductions d’œuvres de la dernière période de Borduas.

Chez Pellan, deux thématiques se retrouvent tout au long de sa carrière. On a déjà beaucoup parlé de ses bestiaires, mais la femme prenait une place considérable. Femme désirée, femme rêvée, toujours sensuelle, et aussi symbole de l’éphémère. C’est pour cette raison qu’on y a associé le thème de la mort, lui aussi assez marqué.

Le grand atelier possède, à l’image de l’art de Pellan, un caractère ludique très fort. La médiation y tient une belle place et plusieurs activités sont proposées, à l’extérieur du musée comme à l’intérieur des salles: les spectateurs pourront notamment participer à la création d’un bestiaire, et se croquer le portrait dans un photomaton. Pour Eve-Lyne Beaudry, c’était important. «Pellan voulait toucher les gens, c’était son dada en création.» À ce sujet, le public est convié, le samedi 15 juin de 10h à 15h, à venir créer des masques à la manière de Pellan, qui seront ensuite installés sur la grande murale du chantier du MNBAQ. L’activité sera remise au lendemain en cas de pluie.