Zidane et Marc-Aurèle Fortin : À voir au Musée des beaux-arts de Sherbrooke
Le Musée des beaux-arts de Sherbrooke refait le pari futé de réunir dans sa programmation estivale deux expositions aux antipodes, l’une plus classique au deuxième étage (Marc-Aurèle Fortin. Paysages modernes du Québec traditionnel, jusqu’au 6 octobre) et l’autre plus singulière au rez-de-chaussée (Zidane, un portrait du 21e siècle, jusqu’au 2 septembre).
Projetée sur deux écrans géants dans la noirceur d’une salle spécialement construite pour l’occasion, la vidéo de Douglas Gordon et Philippe Parreno scrute dans ses moindres mouvements le Wayne Gretzky du foot français lors d’un match de championnat opposant le Real Madrid et Villarreal. Tournées par 17 caméras, les images à la fois déifiantes et scrutatrices du joueur-vedette s’appliquent à démonter son culte tout en le renforçant grâce à la bande sonore originale émaillée de crescendos de la formation post-rock écossaise Mogwai. Une œuvre pétrie de tension devant laquelle on gagne à s’asseoir longtemps, question de s’imprégner de son rythme (les 90 minutes de la joute tournent en boucle en temps réel, jusqu’à ce que Zidane écope d’un carton rouge et soit expulsé du match).
Forcément moins déstabilisante, mais tout aussi intéressante, la rétrospective Marc-Aurèle Fortin regroupe une trentaine de scènes rurales et de marines croquées par celui qui, avant le pavé dans la mare Refus global, incarnait la modernité québécoise. Un éclairant best of permettant de mesurer le recul qu’accusait la peinture canadienne-française au début du 20e siècle par rapport au reste de la planète qui, au même moment, se prenait dans la gueule le révolutionnaire cubisme d’un certain Picasso.