Le Moulin à images : Dans la lentille de McLaren
Arts visuels

Le Moulin à images : Dans la lentille de McLaren

Déjanté, riche, toujours aussi spectaculaire, mais drôle pour la première fois. C’est avec ces mots que Steve Blanchet décrit son moulin à images, la dernière mouture qu’il cosigne une fois de plus avec Robert Lepage. Entrevue.

«J’ai rencontré Robert il y a huit ou dix ans, au moment de la sortie du film La Face cachée de la Lune. Il avait besoin de quelqu’un pour faire les cartons d’invitation à la soirée-bénéfice pour la première. Après, c’est allé de petit projet en petit projet avant qu’il ne m’invite à l’aider sur le Moulin. Je ne devais pas être concepteur principal, mais c’est ce qui est finalement arrivé», raconte Steve Blanchet, concepteur publicitaire chez Cossette pour deux semaines encore puisqu’après, c’est chez Ex Machina qu’il travaillera à temps plein. Les grandes collaborations naissent toujours de quelque chose d’insignifiant, il vous le dira lui-même. Et les projets l’incluant prennent parfois une grande importance, à l’instar de ses rencontres, comme le Moulin à images, commandé par Labeaume pour le 400e et qui ne devait être présenté que 40 fois.

«On n’est pas tristes que ce soit le dernier été du Moulin, parce que c’est ce qui nous a motivés à en faire un nouveau. Si ça avait arrêté l’an passé, on aurait fini ça blasés. Mais là, on se sent comme des jeunes jouvenceaux.» Entièrement revue, l’ultime édition du spectacle projectif de (très) grande échelle se penche sur l’œuvre immense de Norman McLaren, le porte-étendard du stop-motion et récipiendaire de l’Oscar du meilleur court-métrage il y a 60 ans qui soufflerait 100 bougies plantées dans un gâteau cette année s’il n’était pas décédé en 1987. «Les gens ne se souviennent plus de lui, mais ses films d’animation étaient présentés avant les films principaux dans les cinémas de l’époque. Son travail était très démocratique et il a découvert un paquet de techniques.»

D’ailleurs, nombre de segments des éditions précédentes du Moulin à images référaient déjà à McLaren. Le passage de la cartographie quasi préhistorique et le stop-motion avec des danseurs notamment. Mais cette fois, on pousse l’hommage plus loin, et avec l’étroite collaboration de l’ONF qui a généreusement accepté d’ouvrir grand ses voûtes.