Gabrielle Laïla Tittley : De passion et de moyens
À la veille d’une nouvelle exposition, l’artiste visuel Gabrielle Laïla Tittley aborde parcours, embûches, défis et frigo.
Illustratrice et peintre à qui l’on doit, notamment, la pochette du premier album de Canailles, l’affiche du plus récent concert de Bernard Adamus ainsi que des illustrations pour des publications de la trempe d’Urbania, Gabrielle Laïla Tittley est également une artiste volubile qui se confie comme elle crée, c’est-à-dire: sans tabou. «Pour une personne aussi éparpillée que moi, ce n’est pas évident!», lance-t-elle d’emblée lorsqu’elle révèle qu’elle concrétise présentement sa carrière en complétant une formation du SAJE pour entrepreneurs en herbe. «Je suis des cours avec des gens qui veulent autant vendre du lave-glace que des voitures usagées!», glisse-t-elle avant de rigoler.
Pour l’artiste autodidacte, ce cheminement très professionnel est un défi majeur alors que les premiers faits d’armes de sa carrière florissante sont, en fait, liés à sa réputation, à son réseau très ancré dans la scène musicale québécoise et au hasard. «Je suis une fille de principes», prévient-elle toutefois. «Ça m’est arrivé de refuser d’illustrer pour des trucs auxquels je ne tiens pas, qui ne me stimulent pas ou encore avec lesquels je suis zéro en lien. J’ai essayé à quelques reprises et j’en venais aux larmes tellement je trouvais ça ridicule!», ajoute-t-elle. «Comme quoi, la passion et les émotions sont très liées chez moi. Je ne suis juste pas capable de créer si je ne crois pas au projet. Je dois donc trouver une manière de faire en sorte que ce soit viable à long terme.» Et comme on s’en doute, faire affaire avec des artistes et événements culturels tanguant vers l’alternatif tient davantage de la cause noble que de du coup fumant.
«C’est tellement tough!», s’exclame Tittley à cet effet. «Surtout que je travaille en lien avec ces musiciens! On partage plus ou moins le même compte en banque!» Selon l’illustratrice, le point commun entre les artistes visuels et les musiciens de champ gauche est l’encadrement. «Je crois qu’il y a davantage de labels pour encadrer les musiciens que d’agences. C’est donc difficile d’être bien chapeauté lorsque tu es peintre ou illustrateur.» Ainsi, alors que plus artistes dits «indie» sont supervisés par une équipe veillant à leurs concerts et à leur représentation, bon nombre d’artistes visuels gravitant dans les mêmes sphères doivent se débrouiller eux-mêmes. «Si tu veux un bon exemple, ça fait trois mois que je n’ai pas de frigo!» Malgré la précarité, Gabrielle Laïla Tittley refuse toutefois de faire dans le misérabilisme. «Non, mais ça va, j’te dis! C’est juste que j’investis ailleurs: dans des impressions, des toiles, etc.!»
Justement, pour sa prochaine exposition qu’elle tient en compagnie de l’artiste visuelle et musicienne Emily Jayne (au sein de Devil Eyes et Leamers, notamment), Tittley se promet une bonne partie de plaisir. «On y présentera peu ou pas de nouveau matériel. C’est vraiment pour le fun, en fait. Comme on est aussi des filles de party, c’est aussi une excuse pour faire la fête, en fait!»
Vernissage de l’exposition de Gabrielle Laïla Tittley et Emily Jayne le samedi 29 juin à Le Cep et le houblon (2280 Bélanger, Montréal).