Rentrée – Arts visuels : Une rentrée prometteuse
Cette année encore, le milieu des arts visuels nous promet un automne fort intéressant. Regard sur quelques expositions particulièrement réjouissantes.
La fête est finie
À Regart, on commence la saison avec Grenade, ballon et artifices de Pierre&Marie. Jusqu’au 13 octobre, le duo de Québec nous propose des sculptures et installations abordant diverses tensions: consommation et fête, violence et jeu, tragique et merveilleux. Paradoxe d’un monde où l’on est obsédé par la sécurité et où l’on cultive les loisirs, l’exposition offre, au moyen de petits récits mettant en scène animaux, vestiges de fête et jeux de guerre, un questionnement sur l’omniprésence de la violence. Le tout en continuité avec le travail des artistes autodidactes, à la formation d’ébénistes, qui questionnent notre quotidien dans une démarche ludique. On attend cette exposition, qui nous montre un visage un peu plus sombre que ce à quoi Pierre&Marie nous ont habitués jusqu’à présent.
Un château de sable
Du côté du Lieu, on a confié la galerie au collectif transdisciplinaire du Saguenay-Lac-Saint-Jean Cédule 40. Du 5 au 29 septembre, il y exposera Château, une composition de blocs de construction faite de sable et de ciment. Rappelant le château de sable, par définition éphémère et constamment à recommencer, l’œuvre s’amuse à conjuguer la solidité du mur et sa fonction de protection à la fragilité et à la volatilité du sable. En filigrane, une réflexion sur la perception que l’on a du mur, sur son utilité et sa symbolique. Cédule 40, composé des artistes Sonia Boudreau, Julien Boily, Étienne Boulanger et Noémie Payant-Hébert, a créé l’œuvre in situ.
Carte blanche à Paryse Martin
Chaque année, l’Œil de Poisson inaugure sa programmation en donnant carte blanche à un artiste établi de la région de Québec. Cette année, on a invité Paryse Martin, qui présente Histoires lacrymogènes. Dans la grande galerie, ses sculptures de grandes dimensions surplombant les visiteurs se feront des scènes ouvertes qui nous entraîneront dans son univers merveilleux et fantastique. L’artiste a confié la petite galerie à Josée Landry Sirois, avec qui elle avait exposé (ainsi qu’avec Diane Landry) à la Galerie Michel Guimont au printemps 2012. La jeune artiste nous offrira, avec Débris d’impression, de nouvelles créations in situ. Finalement, Julie Gagnon et Steven Girard, deux étudiants au baccalauréat en arts visuels de l’Université Laval présentent Lanterne-Livixat dans l’entrée vidéo. Également, l’Œil de Poisson accueillera, du 18 au 20 octobre, la première Foire en art actuel de Québec, durant laquelle il sera possible de se procurer des œuvres d’artistes québécois.
Programme double
Pour la rentrée, La Bande Vidéo et Engramme présentent en collaboration deux expositions qui métissent la vidéo et l’estampe. Corps étrangers, fruit de la résidence de Nicolas Brault à La BV, propose une expérience immersive à l’aide de trois projections d’animations en linogravure et en peinture de lumière et d’une musique corporelle. Son but? Nous faire vivre le sentiment d’étrangeté que lui inspire son propre corps. De son côté, Caroline Gagnon conjugue lithographie, impression numérique et vidéo dans une installation in situ avec ses Débordements, dans lesquels elle pose un regard sensible sur les spécificités de la lithographie et cherche à transcender les limites imposées par la pierre. Du 7 septembre au 12 octobre.
Veines et vortex
Du 12 septembre au 13 octobre, la Galerie des arts visuels de l’Université Laval accueillera les œuvres récentes de Jacques Samson. Vecteurs et embranchements est le résultat de ses présentes recherches, nourries entre autres par une résidence féconde à Marseille. Au programme: des sculptures objets en fils de fer qui s’inscrivent dans la continuité de sa dernière production, telle qu’on l’a vue à la Manif d’art 6 ou chez Tzara en 2010, mais qui témoignent d’un retour aux formes organiques et à l’épuration de celles-ci. Inspirées de la nature, les œuvres prennent la forme de trous noirs, d’univers parallèles ou encore de branches, de ruissellements et de terminaisons nerveuses.
Revisiter l’histoire de l’art
C’est à la suite d’une résidence de longue haleine à VU que Gwenaël Bélanger expose Les macles, du 15 novembre au 15 décembre. Continuant ses recherches sur la fragmentation de l’image, il travaille cette fois-ci sur l’histoire de la peinture québécoise, à partir d’œuvres de la collection du MNBAQ. Il photographie des œuvres d’artistes majeurs tels Edmund Alleyn, Claude Tousignant ou Alfred Pellan avec un appareil qui, à l’aide de graisses et de diverses substances, créent des distorsions dans les œuvres originales. Sa proposition touche divers enjeux historiques et actuels et témoigne de son intérêt récurrent pour les connotations de l’objet culturel.