Pierre Gauvreau : Un homme libre
Arts visuels

Pierre Gauvreau : Un homme libre

C’est tout un pan de la culture québécoise qui s’est éteint le 8 avril 2011 lorsque Pierre Gauvreau est mort. Un monument pour la quasi regrettée télévision d’auteurs, mais aussi un peintre signataire du Refus global que le Musée de la civilisation célèbre par une exposition.

Tout a commencé l’année de ses 15 ans. Il avait été expulsé de l’école, il ne croyait pas en Dieu et n’avait pas peur de le dire. C’est sa retraite forcée de collégien qui le poussera à lire en défiant la censure, régime duplessiste oblige. Une période de temps libre ou d’isolement qui inspirera l’adolescent à se mettre au monde comme créateur. Peu de temps après, un ami l’invite à revenir à l’école pour présenter ses œuvres dans le cadre d’un concours qu’il aurait gagné si n’eut été son retrait forcé. Juge dudit concours, Paul-Émile Borduas remarque sa toile et demande à le voir. Ce sera le début de quelque chose de grand. Pour Gauvreau, certes, mais aussi pour Suzanne Sullivan (sa première blonde) et son grand chum Bruno Cormier qui passeront des soirées entières à refaire le monde dans le salon de Borduas aux côtés, notamment, de Riopel.

 

Bien plus qu’un gars à la bonne place au bon moment, Gauvreau avait du talent. Sa recherche picturale en témoigne, tout comme sa volonté de sans cesse repousser ses limites de créateur et de se positionner à l’avant-garde. «C’est un peintre qui repart à zéro dans chaque tableau», vous dira Janine Carreau, sa femme – le grand amour de sa vie serait plus juste –, mais aussi sa muse. Et celle qui l’a ramené vers la peinture après son mariage pas très heureux avec une autre, après une pause de 13 ans. «Pour lui, l’art n’était pas une thérapie. Pierre ne pouvait pas peindre s’il n’était pas dans un réel état de sérénité et d’harmonie.»

 

Peinée sans toutefois verser de larmes, on sent que la douleur vive de la perte a laissé place aux souvenirs tendres dans le cœur de Mme Carreau. Une femme qui voue une admiration sans bornes à celui qui a aussi écrit Cormoran et Le temps d’une paix, entre autres, en parallèle avec sa production d’œuvres sur canevas. «C’est très émouvant pour moi. Ça a aussi été une façon de passer à travers le deuil de manière saine.»

Pierre Gauvreau. J’espérais vous voir ici

Du 16 octobre 2013 au 28 septembre 2014

Musée de la civilisation