Mois Multi 15 – Hakanaï : Le rêve éveillé
Le titre est japonais, les créateurs sont Français. Il y a Claire puis Adrien, une danseuse et un décor surréaliste. Autopsie d’un spectacle voué à l’émerveillement.
Elle, c’est une designer graphique qui avait un bureau à Paris. Lui, il a d’abord été jongleur à loisir puis informaticien de formation. Ensemble, Claire Bardainne et Adrien Mondot forment la compagnie AM-CB, une mini-entreprise de création qui s’intéresse à la recherche d’un numérique vivant. En tout cas, c’est ce qu’ils ont écrit sur leur site web.
Travailler sur l’imaginaire. Ils reviennent souvent à ces mots lorsque vient le temps de parler du rôle qu’ils s’octroient comme artistes. «On ne gagne rien à présenter quelque chose d’hermétique. On pense d’abord à faire plaisir au public et à offrir aux gens quelque chose de magique, de merveilleux.» Puis la moitié féminine rajoute que l’important, pour eux, c’est d’aller puiser l’inspiration à même leur cœur d’enfant. «On veut toucher tout le monde et sans a priori. En ce sens, notre héritage vient du cirque», avance quant à lui Adrien. Personne ne sera donc surpris d’apprendre que le duo a déjà donné dans le théâtre de rue dès ses débuts en 2003.
S’adresser au plus large public qui soit, c’est précisément ce qu’ils font avec Hakanaï, un spectacle de danse pluridisciplinaire alliant installation et projections. Le but avoué de la production: donner l’impression au récepteur qu’il vit un rêve doux et puéril. Le tout, dans une ambiance hypnotique propice au laisser-aller. Comme une tempête de neige sans le froid. La surprise, diront-ils, c’est la sensation qu’ils travaillent.
Et ils le font avec énormément de rigueur. D’abord, parce qu’Adrien a créé lui-même les logiciels servant à la création de l’œuvre, mais aussi parce que tous les vidéos sont interprétés (lire: recréés) en direct au même titre que la performance de la danseuse aussi co-chorégraphe Akiko Kajihara. En fait, les projections sont si bien orchestrées qu’il existe même des partitions visuelles. Elles sont suivies à la lettre à chaque représentation depuis la première, en novembre 2013.
La poésie du mouvement
Le titre Hakanaï (prononcez: hakanaille) est un mot tombé dans l’oreille de monsieur, un jour comme ça. Un mot japonais qui, grosso modo, se veut un amalgame des termes impermanent, fragile et évanescent. Une définition en phase avec les intentions de Bardainne et Mondot et leurs recherches sur ce qui oppose le rêve à la réalité.
Mais est-ce là la seule référence à la culture japonaise dans le spectacle? Non, pas tout à fait. Chaque mouvement est en fait, et pour reprendre les dires de madame, une forme de haïku visuel. Un état des choses qui s’enchaîne aux autres dans la chorégraphie élaborée à trois têtes, soit celle du jongleur, de la designer graphique et de la danseuse.
Les 7 et 8 février à 19h30, Salle Multi de Méduse