50 ans du MAC / John Zeppetelli et Josée Bélisle : Le cœur du musée
Le Musée d’art contemporain de Montréal célèbre cette année son 50e anniversaire en notant l’importance du don dans sa fondation et dans la pérennité des institutions muséales.
En 2014, la première institution canadienne vouée exclusivement à l’art contemporain célèbre son cinquantenaire de fondation avec trois expositions distinctes mais intimement liées qui mettent en valeur plus de 200 œuvres de la collection du musée, ainsi que des installations invitées d’Angelica Mesiti et Rafael Lozano-Hemmer – «une communauté de cœurs de visiteurs incarnés dans des ampoules incandescentes».
«Ce n’est pas si innocent que ça, le don», admet le directeur et conservateur en chef du MAC, John Zeppetelli, en se penchant sur l’expo La beauté du geste – 50 ans de dons au Musée d’art contemporain de Montréal. «Quand tu offres quelque chose, tu t’attends un peu à quelque chose en retour. Offrir est aussi en lien avec le donateur. Je crois que tu donnes un peu de toi-même.»
Le «nouveau» directeur et conservateur en chef, en poste depuis près d’un an, ne tarit pas d’éloges envers cette idée d’exposition et son nouveau boulot, lui qui signera du même coup sa première exposition officielle au MAC, avec la célébration du 50e et la venue des œuvres d’Angelica Mesiti en sol montréalais. L’artiste, avec ses installations vidéo, présente d’un côté des performances musicales de migrants, avec tout le déracinement que cela implique, «dans une indifférence presque totale du lieu d’accueil», et de l’autre, une sonate improvisée par des déménageurs qui transportent un piano dans un escalier en colimaçon, à Paris, une «ode au labeur quotidien».
Le don et La beauté du geste
La collection du Musée d’art contemporain compte aujourd’hui 7800 œuvres, dont près de la moitié sont des dons. 3500 œuvres, donc, parmi lesquelles il a fallu en choisir 200 pour créer cette exposition riche et puissante dont Josée Bélisle, conservatrice de la collection du musée, en est la commissaire. La dame parle avec un enthousiasme assuré de cette collection et de son travail acharné. Le but premier de l’exposition, «c’est de souligner la générosité de collectionneurs et d’artistes qui ont offert des œuvres à la collection du musée. On se disait que 50 ans et 45% de la collection qui sont des dons, ce n’est pas banal, surtout en ces temps difficiles, où on sait très bien que les ressources du musée ne vont pas aller en croissant».
Et quand les temps sont durs, c’est à la générosité des gens que l’on s’en remet, comme l’explique Josée Bélisle: « La collection d’un musée, c’est son cœur et c’est sa réalité. Il faut la protéger, la conserver et la développer. Alors on s’est dit que c’est un bon moment pour souligner que, contre vents et marées, à travers toutes les crises que le musée a traversées, il y a quand même eu un soutien constant de la communauté artistique, des artistes et des collectionneurs.»
La conservatrice de la collection du musée a donc eu l’idée de cette exposition pour mettre en valeur tout le patrimoine artistique qui a été légué au MAC au fil des années: «Je me suis dit que si je variais les stratégies, ça nous permettrait de proposer au public non pas l’histoire exhaustive du musée, mais une série de petites histoires.» Et c’est un pari réussi puisqu’au final, le visiteur découvre un coup d’œil généreux, hétéroclite et varié, à commencer par la première partie de l’exposition, ouverte au public depuis quelques jours, intitulée De John Lyman à Eve Sussman: 50 ans, 50 œuvres, où la disposition des œuvres «nous oblige à voir passer les années et à voir qu’une collection, c’est toutes sortes d’esthétiques, toutes sortes d’échelles et d’artistes. Il y a des esthétiques différentes qui se parlent et qui s’opposent. C’est très riche et vibrant».
Rayonner et persévérer
Fondé par le gouvernement du Québec en 1964, à la demande d’artistes et de collectionneurs qui souhaitaient qu’une institution soit chargée de constituer une collection d’œuvres contemporaines d’artistes de Montréal, du Québec, du Canada et de l’étranger, le MAC demeure à ce jour une institution incontournable qui cherche cependant à mieux rayonner, à acquérir de nouveaux publics et à s’établir comme un véritable partenaire incontournable, ce qu’il est, vraisemblablement. «Les musées, ce sont des gros moteurs économiques, aussi, indique le directeur. Regarde où on est! On devrait être un lieu d’attraction majeur, mais on n’est même pas identifié. On a un gros problème de notoriété. Il faut faire mieux rayonner le musée. Il faut communiquer le contenu du musée et les chefs-d’œuvre des artistes», ce à quoi s’attellera Zeppetelli au cours des prochaines années.
«C’était une bonne année et on a réussi, en très peu de temps, à créer un musée plus ouvert, plus collaborateur, plus convivial, plus accueillant.» Avec des projets d’auditorium, d’étroite collaboration avec la Place des arts et d’implantation d’une action culturelle plus prononcée, John Zeppetelli et son équipe sont sur la bonne voie pour poursuivre le mandat du MAC et le faire rayonner autant au Québec qu’à l’international.
50e du MAC
Expositions: La beauté du geste, Angelica Mesiti et Pulse Room, du 19 juin au 7 septembre.
Nocturne du 50e: Performance de Rafael Lozano-Hemmer (Pulse Room), BBQ extérieur et Jonah Leslie, Nils Fluck, Alain Vinet et Poirier en musique, dès 17h, le vendredi 20 juin.
Portes ouvertes: Le MAC sera ouvert gratuitement le week-end du 21 et 22 juin, de 10h à 18h.