Julie Rocheleau / FBDFQ : La timide dégourdie
Derrière la nouvelle image du mythique Fantômas et l’affiche du FBDFQ se cache Julie Rocheleau, illustratrice et bédéiste montréalaise, à qui le festival déroule le tapis rouge, cette année.
Pendant trois ans et demi, elle s’est consacrée à l’univers du personnage mythique de la littérature française, Fantômas, en compagnie de l’auteur Olivier Bocquet, pour illustrer les trois tomes de La colère de Fantômas (Dargaud), dont le dernier vient tout juste de paraître. C’est après avoir refusé un premier projet qu’elle avait concocté avec le scénariste Normand Grégoire que celle qui a fait son entrée dans le monde de la bande dessinée avec La fille invisible (Glénat Québec, 2010) s’est retrouvée avec ce projet dans les mains et sur sa table à dessin. «Ça s’appelle tomber à la bonne place au bon moment. C’est juste de la grosse chance crasse!»
Si elle avoue avoir brièvement tergiversé – «Je ne savais juste pas [comment ça fonctionnait chez les grands éditeurs de BD]» –, c’est à corps perdu qu’elle s’est dévouée au projet, par la suite: «Ça aurait été niaiseux de passer à côté d’une chance comme celle-là. Si j’aime pas ça, j’aurai pas besoin de le refaire! Ou si c’est vraiment pourri, ils vont annuler ça après un tome!», s’amuse Julie Rocheleau. Et le succès que remporte cette série, ici comme en Europe, ne fait que confirmer que cette association créatrice était au point, et que la volonté qu’avaient Bocquet et Rocheleau de s’approprier le personnage «en espérant qu’on était de notre époque et que ça n’aurait pas l’air d’un truc vieux et poussiéreux» a fonctionné à merveille.
Avant de se lancer dans l’aventure Fantômas, la timide dessinatrice travaillait dans le milieu de l’animation et se consacrait au storyboarding. Aujourd’hui, elle peut se targuer de ne vivre que de la BD et de l’illustration. C’est donc dans la suite logique des choses que le FBDFQ lui consacre une rétrospective où l’on pourra découvrir son style vif, pointu, parfois sombre, mais toujours incisif. Cette expo regroupera illustrations, affiches, planches diverses – dont plusieurs de La colère de Fantômas –, dessins originaux et collages, et offrira une incursion unique dans son univers créatif: «J’avais un petit problème, en fait. C’est que beaucoup de mes illustrations sont 50-50 numériques et sur papier. C’est vraiment des collages et ils sont rares les vrais originaux complets qui sont beaux à regarder comme tels. Déjà, il fallait que je trouve les originaux et pour le reste, j’ai imprimé quelques images finies en couleurs, mais je me suis aussi amusée à faire des petits collages. Y a un petit côté didactique à la chose et tu vois un certain processus, mais tu vois aussi que je suis ben brouillon!»
Et c’est ce qu’il sera possible de découvrir en attendant ses nouveaux projets. Rocheleau travaille ces jours-ci sur La petite patrie, un 80 pages couleurs créé à partir de l’œuvre de Claude Jasmin, et mis en BD en collaboration avec l’auteur Normand Grégoire, à paraître chez La Pastèque, en octobre prochain. Elle planche aussi sur l’illustration à l’encre noire de textes de Carle Coppens, poèmes jeunesse à paraître chez Le Quartanier sous le titre Le deuxième étage de l’océan. C’est qu’elle ne chôme pas et qu’elle se dégourdit, Julie Rocheleau.
Du 3 au 27 avril 2015
À la bibliothèque Saint-Jean-Baptiste
Toute la programmation du Festival de la bande-dessinée de Québec via fbdfq.com
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