Sight + Sound 2015 : Au-delà des ondes
La septième édition de Sight + Sound propose un voyage où les arts numériques s’allient et se transforment dans une posture critique. Et cette année, la radio s’y taille, entre autres, une place de choix.
Cette année chanceuse, Sight + Sound la mérite grandement. Ramant à contre-courant depuis des années, Eastern Bloc et ses acolytes organisateurs peuvent se targuer d’avoir atteint une certaine maturité critique, en cette septième année d’existence du festival.
Dès le 20 mai, place à l’imagination, avec Emmanuel Lagrange-Paquet et Joseph Perreault qui, dans leur performance interactive intitulée You Never Know (Les cosmos imaginaires), plongent dans l’imaginaire collectif, en créant une constellation visuelle et sonore, en explorant l’espace stellaire. À Eastern Bloc, dès 20h. eeelllppp.com
Le 21 mai, le Britannique Martin Howse présente son travail du travail artistique de la terre, dans le cadre de la performance Substrate, où à l’aide d’équipement de récupération, de systèmes de logiciels et de matériaux électrochimiques, le créateur, à la manière d’un détective, trace un parcours de son, voix et lumière, improvisé. Fasciné par la manifestation de codes dans la relation psycho-géo-physique, Howse donnera aussi un atelier (Earth Coding Workshop) le 24 mai, au labo d’Eastern Bloc, qui permettra d’explorer les liens existant entre les technologies contemporaines et la Terre, pour créer, ultimement, une nouvelle forme de land art. www.1010.co.uk
À surveiller aussi le 21 mai, chez Eastern Bloc, une performance de Rie Nakajima. Occasions_004 offre une incursion musicale dans une mise en scène d’objets du quotidien. www.rienakajima.com
Émilie Mouchous propose deux événements, lors de cette édition de Sight + Sound. Le 22 mai, elle invite le public à participer à son intervention radiophonique déambulatoire Elettra, sur les rues Marconi et Alexandra. En créant un lien avec le paysage, Elettra évoque aussi une errance guidée, une expérience des traces radiophoniques quotidiennes qui, selon Mouchous, sont les «mauvaises herbes» des communications humaines. Ceux qui souhaitent participer doivent se munir d’un dispositif avec récepteur FM et d’un casque d’écoute pour participer et écouter la performance. De 19h à 20h, au coin des rues Marconi et Alexandra. Mouchous donnera aussi un atelier (Lost poetics of the CPO), le 23 mai, au labo d’Eastern Bloc, où les participants fabriqueront un instrument électronique portable inspiré des outils de pratique d’un langage en voie de disparition, dont le CPO (Code Practice Oscillator), par exemple, utilisé auparavant pour apprendre les rudiments du code morse. À 13h. www.gmackrr.ca
La diffusion radio est à l’honneur, cette année, à Sight + Sound. En complément de l’intervention d’Émilie Mouchous, deux autres artistes proposent des interventions événementielles dans la même veine. Le 21 mai, Erin Sexton, avec Dimension électromagnétique, construira une antenne à ondes courtes et performera par une série d’expérimentations transmissives, pour mieux comprendre l’influence du champ électromagnétique, au quotidien, à diverses échelles. erinsexton.com
De leur côté, Anne-Françoise Jacques et Nicolas Dion Buteau improviseront, le 24 mai, au Bassin Peel, une performance à l’aide de la manipulation d’objets amplifiés, de simples actions mécaniques et de phénomènes électriques de base, qui sera diffusée à courte portée par une antenne micro-FM. Les récepteurs personnels de l’auditeur pourront la capter, ainsi qu’un petit réseau de radios installées autour du site où Jacques et Dion Buteau monteront leur projet Ondes circulaires. anne-fff.tumblr.com // www.electrocd.com
Le Finlandais Marko Timlin, avec Sound Disk Machines, invite à découvrir un instrument de musique électronique qu’il a créé lui-même et qui convertit les fluctuations de lumière en sons. Composé de disques durs en acrylique, de ventilateurs d’ordinateurs, de phototransistors, de filtres analogiques, et d’un boîtier de contrôle fait sur mesure, l’instrument de Timlin s’inscrit dans la foulée des recherches et expérimentations de l’artiste sur conversion de lumière et de mouvement en son. Le 22 mai, à Eastern Bloc. timlin.de
Le Français Nicolas Maigret s’intéresse à la fascination occidentale actuelle pour les drones, dans la performance Drone.2000. D’apparence ludique, cette nouvelle technologie empruntée au modélisme et au milieu militaire, fascine et inquiète. Drone.2000 n’y fait pas exception, alors que Maigret fait survoler des objets au-dessus des visiteurs. Ces objets, animés par des algorithmes, créent une présence tantôt discrète, tantôt menaçante, et cette dernière invite à réfléchir sur l’attrait technologique du drone que certains considèrent comme un passe-temps. Le 23 mai, à Eastern Bloc. peripheriques.free.fr // disnovation.net
Trois installations seront aussi offertes aux festivaliers, tout au long de Sight + Sound, dont celle de Nataliya Petkova, Composition in V+. Cette installation in situ est constituée de moteurs qui créent des compositions aléatoires et évolutives sur un piano dénudé, suspendu dans l’air par des cordes, dans la cour arrière d’Eastern Bloc. nataliyapetkova.com
Performances, interventions, installations, ateliers et conférences sont au programme de la septième édition de Sight + Sound. La programmation complète est disponible au www.sightandsoundfestival.ca. Sight + Sound se déroule du 20 au 24 mai 2015.