Les présences invisibles : Du Mont Meru à la Côte d'Abraham
Arts visuels

Les présences invisibles : Du Mont Meru à la Côte d’Abraham

Voyager en se fermant les yeux. C’est précisément ce que le Mois Multi propose avec l’installation Les présences invisibles, une œuvre ambitieuse créée sur-mesure pour Québec par le collectif londonien Soundcamp. 

Ariane Plante est la nouvelle commissaire du Mois Multi, mais elle a aussi sa propre pratique en art audio. Elle a travaillé en étroite collaboration avec l’équipe britannique en plus de baptiser ce projet d’envergure réellement internationale. « J’avais envie qu’on occupe des espaces familiers, des lieux qu’on fréquente quotidiennement par des sons dont on ne voit pas la source. […]  Ça c’était la prémisse de base. Le son, c’est une présence et je trouve que c’est l’un des sens auquel on est le moins entraînés à porter attention. »

L’installation se divise en trois sections pour trois espaces distincts de du complexe de la Coopérative Méduse : le hall de l’ascenseur, la cage d’escalier et le corridor du 4e étage. Chacun des haut-parleurs retransmet en direct les sons captés par des microphones respectivement placés dans un jardin de la Tanzanie, à l’extérieur d’un musée au Japon et sur le terrain d’un observatoire au nord-ouest de l’Italie. Ce dernier, d’ailleurs, est teinté par des bruits qui s’apparentent presque à la musique industrielle. Une anomalie? Pas tout à fait, comme nous l’explique Maria Papadomanolaki de Soundcamp. « C’est, au fond, des sons d’un phénomène naturel, d’un repliement de spectre et de la façon dont cela intervient sur un phénomène de propagation. C’est ce qui crée ce petit crépitement que vous entendez. […] En ajoutant ce son contrasté, presque alienesque, on génère différentes réactions auprès du public!»

Un micro au Mont Meru (Crédit: Grant Smith)
Deux micros au Mont Meru (Crédit: Grant Smith)
Entre-friches

La technologie utilisée pour Les présences invisibles, c’est le bon vieux streaming. Un procédé qui confère une certaine fragilité à l’installation puisque la communication peut être coupée à tout moment, dépendamment des caprices de la nature et de la qualité somme toute assez variable des signaux wi-fi. Il a aussi le moment de la journée qui peut avoir une incidence sur ce qu’on entend. C’est du moins ce qu’Ariane Plante constate depuis le début du Mois Multi. « C’est ce sûr que ces lieux-là n’existent pas de manière pure dans nos oreilles parce qu’il a du son autour, ce qui fait en sorte qu’on n’entend pas forcément bien. […] Quand c’est la nuit, par exemple, il ne se passe absolument rien. »

Maria et son équipe ont toutefois stationné leurs micros dans des secteurs animés, des « entre-friches » pour reprendre le mot qu’elle préconise. « Ça capte différents sons comme les bruits du trafic routier, de la nature, de phénomènes naturels, de la pluie, mais aussi des bruits parasites. […] Le concept d’entre-friches c’est en fait cette intermédiaire entre deux endroits où les sons humains et non humains se mélangent. »

Crédit: Grant Smith
Crédit: Grant Smith
Une trilogie

Emballées par leur expérience de création vécue à distance, Ariane et Maria (qui ne se sont jamais rencontrées « en vrai ») pensent déjà à d’autres moutures pour Les présences invisibles. Un second épisode qui pourrait explorer le street art et diffuser le chant d’oiseaux exotiques, par exemple, c’est une idée qui a été soulevée, dans des parcs enneigés de Québec. À suivre…

 

Jusqu’au 27 février 2016

Tous les jours de midi à 17h