La bibliothèque, la nuit : Lire dans la nuit
Arts visuels

La bibliothèque, la nuit : Lire dans la nuit

Se rendre dans un musée pour visiter virtuellement des bibliothèques dans lesquelles vous ne pourrez évidemment pas emprunter de livres? L’idée peut sembler saugrenue, mais c’est un voyage à la fois culturel et intérieur que vous proposent le Musée de la civilisation et Ex Machina avec La bibliothèque, la nuit.

L’aventure originale se vit dans la tête d’Alberto Manguel, auteur et collectionneur de livres argentin. Lui-même impressionné par son imposante bibliothèque forte de 30 000 livres, il a écrit La bibliothèque, la nuit, publié en 2006.

Une aventure philosophique sur les bibliothèques, les «compagnons de tous lecteurs», comme il dit. Parce qu’il y a probablement autant de manières de classer une bibliothèque qu’il y a de lecteurs. Alberto Manguel s’est demandé ce qui définissait alors une bibliothèque. On explore la mémoire, l’architecture, le classement et la lecture elle-même. Comprendre le classement d’une personne est un bon indicateur pour savoir si l’on comprend cette personne.

«Alberto est un peu le Brad Pitt des bibliothèques», lance Steve Blanchet, qui a conçu avec Robert Lepage la réalité virtuelle dans laquelle plongeront les visiteurs. Son savoir encyclopédique est aussi légendaire que sa bibliothèque personnelle.

Lorsque la Grande Bibliothèque, à Montréal, a célébré son dixième anniversaire l’an dernier, c’était naturel de se tourner vers l’une des vedettes du milieu. À l’image de Bastien dans L’histoire sans fin, les visiteurs sont invités à plonger dans La bibliothèque, la nuit.

Le livre se demande ce qui change, la nuit, dans une bibliothèque. Le classement ne tient plus. L’ombre redessine les formes. Les lueurs font ressortir d’autres livres. La relation change. Et c’est là que le deuxième périple commence.

Destination: le monde

Les visiteurs de l’exposition arriveront tout d’abord dans la bibliothèque d’Alberto Manguel. Casques de réalité virtuelle et siège pivotant attendront patiemment dans une forêt, pas loin. Une fois confortablement installés sur le siège et le casque sur la tête, ils pourront commencer l’exploration.

De toutes les bibliothèques racontées dans le livre, Ex Machina et Alberto n’en ont finalement conservé qu’une dizaine. Un des derniers critères était l’accessibilité des bibliothèques. Pas dans le sens où vous le pensez.

La Bibliothèque du Congrès américain, par exemple, n’est ouverte au public qu’un après-midi par année. Une autre n’est accessible qu’aux étudiants d’une université. Grâce au travail de Steve Blanchet et son équipe d’Ex Machina, vous pouvez maintenant les explorer, même si elles sont au Japon, au Mexique ou en Autriche.

Huit des dix bibliothèques présentées sont une immersion réelle, composée d’images enregistrées spécialement pour l’exposition, avec des caméras bâties sur mesure pour les besoins d’Ex Machina. Les deux autres ont été recréées à l’ordinateur. Alexandrie n’existe plus et le Nautilus n’existe que dans un livre de Jules Verne.

Douce réalité

À l’image de la lecture, la réalité virtuelle proposée par Ex Machina est immersive, enveloppante et réconfortante. «La réalité virtuelle est souvent développée pour les jeux vidéo, explique Steve Blanchet, avec des images rapides et saccadées. Nous, c’est une réalité virtuelle contemplative, avec des images beaucoup plus approfondies. Alberto est l’esprit, nous, nous sommes l’expérience. On veut que les gens vivent une expérience.»

La bibliothèque, la nuit est une excellente manière de s’initier à la réalité virtuelle, croit Steve. «On prend les gens par la main», ajoute-t-il. De plus, des guides seront sur place, en chair et en os, pour répondre à toute question.

Si, aujourd’hui, nous soulignons la présence de la réalité virtuelle comme étant une nouvelle expérience, celle-ci pourra bien devenir un élément régulier des expositions muséales dans un avenir proche. Pas seulement parce que la technologie va devenir de plus en plus commune, mais parce qu’elle change aussi notre relation avec les objets et les lieux, et donc l’histoire, un terreau fertile pour les musées.

Geai Bleu, John James Audubon, Birds of America
Geai Bleu
John James Audubon, Birds of America
Collection du Musée de la civilisation
Fonds du Séminaire de Québec
Harfang des neiges, John James Audubon, Birds of America
Harfang des neiges
John James Audubon, Birds of America
Collection du Musée de la civilisation
Fonds du Séminaire de Québec

Néanmoins, il y a tout de même une partie plus classique, dans La bibliothèque, la nuit. Contrairement à Montréal, Québec pourra aussi en profiter pour regarder des livres rares, provenant de la collection du Séminaire de Québec. Certains sont aussi vieux que la Nouvelle-France.

L’exposition La bibliothèque, la nuit sera au Musée de la civilisation du 13 octobre 2016 jusqu’au 2 avril 2017. Jusqu’à une quarantaine de personnes pourront simultanément goûter à la réalité virtuelle.