FAAQ: « Un espace transactionnel avec du contenu »
Emmanuel Galland est le commissaire invité de la 4e foire, une rare rencontre vraiment concrète entre mécènes (de tous les budgets) et créateurs.
L’objectif est clair : diffuser l’art réellement actuel, celui « qui est en train de se faire. » En fondant la Foire d’art actuel du Québec en 2013, Jeanne Couture (ex chyzienne devenue commissaire dans le vent) et ses amies elles aussi historiennes de l’art contribuaient à démocratiser l’achat d’œuvres. Une mission qui leur survit, qui perdure, comme l’indique d’emblée la présidente du C.A. Marie-Christine Morin. « On a toujours, et depuis les débuts, voulu […] valoriser le contact entre les artistes et les collectionneurs, les gens des centres d’artistes et le grand public qui n’est peut-être jamais entré à Méduse. »
Leur autre priorité, ni plus ni moins qu’un cheval de bataille, c’est la rémunération juste des peintres, sculpteurs et photographes. En ce sens, et c’est ce qu’estime Mme Morin, l’esprit de la FAAQ se veut plus près du centre d’artistes que de la galerie privée. « C’était important pour nous que l’artiste conserve la majorité du montant des ventes. Nous, on prend seulement une cote de 30%. »
Une bouffée d’air frais
Exit l’âgisme, idem pour le chauvinisme. De Québec comme de Montréal, 25 des 29 membres de la cohorte ont été finement sélectionnés par Emmanuel Galland pour la pertinence de leur pratique et leur importance éventuelle dans l’histoire de l’art québécois ou même mondial. En plus, fait peu banal, il y a autant d’hommes que de femmes. « Je suis plus âgé [que Jeanne Couture], mais j’ai toujours de très jeunes artistes dans mes expos. Des fois, j’en ai même qui sont encore à l’université, parfois même au BAC! J’ai aussi des artistes très connus ou qui sont décédés. J’aime ça mélanger les générations, ce que peu de commissaires ou de musées font généralement. C’est ce qu’on va avoir à la FAAQ. »
Sur la liste des participants, on note le Collectif Acapulco, des spécialistes d’art public qui se risqueront à « de la photo imprimée, encadrée, straight » ainsi que le même Ludovic Boney que celui inscrit sur le cartel dans la cour intérieure du Pavillon Pierre-Lassonde.
Le nom de Marie-Claude Bouthillier, récipiendaire du Prix Ozias-Leduc en 2013, y figure aussi, ce qui n’empêche pas des millenials comme Samuel Breton (membre de Canadian Bacon) et le Chicoutimien John Boyle-Singfield de participer. « Il a présenté un expo solo à VU en 2014. C’était des grands prints de filtres Instagram, des monochromes, une pratique extrêmement intéressante. »
Le dénominateur commun, le prérequis pour les créateurs, c’est de n’être représenté par aucun galerie. N’empêche : les organisateurs de la FAAQ ont quand même tendu la main à la Galerie 3, à Lacerte, Michel Guimond et La Galerie Trois Points. Chaque endroit a sélectionné un artiste. « Dès le début, Jeanne a invité une galerie privée. L’idée, c’est de faire preuve d’ouverture et de générosité, mais c’est aussi de représenter un certain écosystème. Le projet n’est pas contre le marché, le projet n’est pas contre le capitalisme. »
Emmanuel Galland : « Souvent, on me demande ce que ça fait, un commissaire. Moi je leur réponds que, en premier lieu, ça crée des frustrés! »
La Foire fait des petits. Pour la première fois cette année, une poignée d’artistes en émergence (mais à la street cred indiscutable) proposeront leur propre programmation en marge de l’événement. Une initiative de Julie Bouffard. Le peintre et désormais muraliste Olivier De Serres est l’un des organisateurs. « Le OFF FAAQ incluera au moins deux ateliers du quartier St-Roch, soit le nôtre et celui de Phelipe Soldevila, Louis-David Létourneau et François Lapierre qui est situé sur la Côte d’Abraham. Le tout sera aussi en collaboration avec les élèves à la Maîtrise en arts de l’Université Laval et leurs ateliers du Roulement à billes aussi dans St-Roch, sur la rue Ste-Hélène. »
Du 25 au 27 novembre de 10 h à 17 h
L’Oeil de Poisson, VU (Complexe Méduse)