La Biennale de Québec sera marquante ou ne sera pas. En réunissant des légendes vivantes de l’art contemporain à des nouveaux venus prometteurs, la commissaire invitée Alexia Fabre insuffle une grosse bouffée de fraîcheur sur la sage capitale. Une fête qui étendra ses tentacules de Lévis jusqu’à Lebourgneuf, de Regart en passant par les centres commerciaux. Difficile de faire plus rassembleur: même l’emblématique Maison Simons, temple vestimentaire quasi identitaire pour les gens de Québec, prêtera ses vitrines de son magasin originel, en plus de ceux de Place Ste-Foy et des Galeries de la Capitale. Le sculpteur Julien Lebargy et le collectif Acapulco, entre autres, bénéficieront de cette mise en lumière assez originale, de cet acte de démocratisation presque radical.
Le MNBAQ n’aura pas grand-chose à envier au Palais de Tokyo, servant d’hôte pour les œuvres d’une brochette de grosses pointures de la mère patrie pour toute la durée de la Manif d’art. Annette Messager en est. Elle présentera une version remodelée de Danses du scalp, œuvre originalement produite en 2012 et par le MAC/VAL qui se sert de la chevelure comme d’un prétexte, d’un symbole évocateur pour discuter de féminité, de militantisme qui passe par la crinière (ou l’absence de) et d’affirmation de soi. Une thématique forte et une installation franchement ludique. Christian Boltanski, figure majeure et plasticien moult fois étudié, fait de l’île d’Orléans le décor d’une œuvre présentée en grande première à la Manif d’art 8. Des images qui, précisons-le, ont été tournées par une équipe de cinéastes locaux selon un protocole, des directives extrêmement précises formulées par Boltanski lui-même. Animitas, c’est le titre de l’œuvre, est un projet planétaire en quatre parties pour autant de saisons et qui a déjà, au préalable, magnifié le désert d’Atacama au Chili pour représenter l’été. Sans surprise, Québec sera le théâtre du tableau hivernal.
Toujours au MNBAQ, les fanfarons de BGL rebâtiront une partie de leur Canadassimo, installation monumentale qu’ils avaient présentée à la Biennale de Venise en 2015. Cette fois, détaille le fondateur de la Manif d’art Claude Bélanger, le trio proposera une version revue et corrigée de l’espace, du segment qu’il avait intitulé L’atelier. «Ils ont récupéré une partie, et là, ils sont en train de la reconfigurer pour que ce soit presque une pièce autonome. […] Ils reconstruisent une sorte de bâtiment autour, un genre de maisonnette.»
Une saucette s’impose aussi dans la Grande Galerie de l’Œil de Poisson (Coopérative Méduse) pour découvrir le fruit de la résidence du duo parisien Nøne Futbol Club au pays des caribous. Des rigolos, des sortes de cousins cosmiques de nos BGL, qui s’adonnent à des coups d’éclat à l’occasion et qui, cette fois, présenteront Work no 101: On Air. Une installation qui reprend le principe du pendule de Newton en remplaçant les billes par des écrans qui diffusent des téléjournaux. Une proposition bizarre, intrigante, mais ancrée dans le quotidien.
Manif d’art 8
Du 17 février au 14 mai 2017