Kristian Bolanos : De la tablette à la toile
Né au Venezuela et arrivé à Montréal à 8 ans, l’illustrateur Kristian Bolanos crée des œuvres puisant leurs influences dans son enfance, sa passion du hip-hop et la culture populaire en général. Il présentera une exposition transposant ses créations numériques à la toile à la fin avril: Thug Love.
L’art de Kristian Bolanos Sandoval se démarque tout autant par ses couleurs vives et frappantes que par les sujets qu’il dépeint. Mélangeant des icônes instantanément reconnaissables telles que les Simpson ou Skeletor avec des thèmes résolument modernes, l’artiste joue avec nos souvenirs et amène ces personnages de notre jeunesse dans la modernité. La passion de Bolanos pour le dessin s’est révélée très tôt dans sa vie, alors qu’il vivait encore au Venezuela: «Mon oncle avait une shop de sérigraphie, il faisait des t-shirts, des collants, tout ça. Ça me fascinait, alors je me suis mis à dessiner des affaires avec mon cousin et on les imprimait sur place… Toute ma jeunesse, je dessinais sans arrêt.»
Pour l’amour du rap
Une fois arrivé à Montréal, le jeune Bolanos se met rapidement à découvrir le hip-hop, et cette sous-culture l’a marqué profondément. Les influences de ce milieu se sentent dans son art, qui est intimement lié à la musique. Il explique que même la création est pour lui nourrie par le hip-hop: «Quand je travaille, c’est essentiel qu’il y ait de la musique. Souvent, je me mets du hip-hop des 90’s, des classiques. La musique m’influence beaucoup. À une certaine époque, j’écoutais beaucoup de trucs plus west coast, et ça s’est directement ressenti dans mon art. Dans le silence, je suis pas vraiment capable. Si je suis dans un café, tu peux être sûr que je me mets des écouteurs.»
Non seulement s’alimente-t-il de hip-hop lorsqu’il travaille, mais il y puise par moments carrément aussi son inspiration: «Des fois, je suis en train d’écouter une toune, pis tout d’un coup, y a une phrase, ça peut être super court… mais cette phrase-là, elle me reste en tête et puis ça fait germer une idée. Je me dépêche de l’écrire quelque part – merci, Google Docs! –, et après je peux y revenir quand je suis devant ma tablette graphique. J’en ai des tonnes, comme ça, des débuts d’idées, des courtes phrases avec ce qu’elles m’inspirent. Quand j’ai un genre de bloc créatif, c’est pas compliqué: j’ouvre mon Docs et je tombe sur quelque chose qui me donne envie de dessiner.»
Cet amour du hip-hop, que l’on retrouve dans une grande partie de son travail, n’a pas manqué d’attirer l’attention du milieu du rap montréalais. Effectivement, l’illustrateur reçoit de nombreuses demandes de musiciens de la métropole pour réaliser du visuel, que ce soit pour des affiches ou des pochettes d’album. On peut notamment apprécier ses créations sur à peu près tout ce que le producteur Toast Dawg publie comme musique. «Ce côté-là se développe bien… J’ai toujours été dans le milieu, toujours voulu aider les artistes émergents en leur faisant des designs pas trop chers pour des pochettes et tout. Maintenant, je pense que le monde me reconnaît pas mal, je te dirais que j’ai minimum une demande par semaine pour une pochette ou un poster de show. C’est souvent un peu dernière minute, et j’aimerais pouvoir prendre plus mon temps, mais en même temps, je pense que c’est une de mes forces de pouvoir réaliser une illustration sur un 10 cennes.»
De nouvelles avenues
Bien que la majorité de son travail soit réalisée numériquement, l’exposition que Bolanos prépare actuellement en sera une d’acrylique sur toile, un médium qu’il utilise moins régulièrement mais qu’il apprécie également. Celui-ci pose toutefois un défi de taille à l’artiste habitué aux médiums numériques: «Ça arrive moins souvent qu’on me commande des peintures sur toile, vu que la plupart des gens me reconnaissent surtout pour ce que je publie en ligne, mes illustrations 100% numériques. Mais tu vois, en ce moment, je suis en train de faire ma série des Simpsons sur toile pour un client; ça arrive. Mais c’est complètement autre chose pour moi que ce que je fais habituellement. Il y a un défi important sur le plan des couleurs, parce que je ne fais pas de dégradés dans mes œuvres. Ça prend des couleurs solides, pleines, et c’est moins évident à faire à l’acrylique que sur une tablette.»
Pour peindre, il commence donc avec des sketches qu’il réalise sur sa tablette graphique pour ensuite les travailler sur toile: «Je suis devenu très habile et rapide sur la tablette, donc ça fait plus de sens pour moi de partir de là avant de me mettre à peindre. Ça me permet de tester les couleurs, de voir si l’idée est bonne avant de commencer à la développer sur la toile.» L’artiste mentionne au passage que les toiles que l’on pourra voir lors de l’exposition Thug Love sont presque toutes originales. Seulement deux designs préexistants se verront recevoir le traitement à l’acrylique. «Ça va être une suite logique à ce que je fais normalement, donc on peut s’attendre à voir des personnages de vieux comics revus et corrigés à ma façon.»
L’exposition Thug Love se tiendra du 12 au 22 mai au Artgang St-Hubert. Le vernissage sera le 12 mai à 17h.