The Smile at the Bottom of the Ladder est un hommage aux artistes de la scène et aux sacrifices (financiers ou corporels par exemple) qu’ils s’efforcent de faire au nom de la passion. Des gens qui ont fait de leur discipline un mode de vie, presque une philosophie. Des gens comme la regrettée Margot Fonteyn : « Elle était, en tant que danseuse, une figure de l’art tout simplement extraordinaire. C’est intéressant pour moi, en tant qu’artiste visuelle, d’examiner la vie d’une danseuse de ballet. À cause de la connaissance qu’elle a de son corps, de la rigidité d’une pratique qui dure toute une vie. Elle a consacré sa vie à une forme de grâce, d’élégance. »
Composé de sculpture et de dessins, de bougeurs en tous genres, le corpus tire son titre d’une nouvelle d’Henry Miller. Un bouquin publié en 1959 et inspiré par la pratique du peintre cubiste Fernand Léger. « Je ne suis généralement pas fan d’Henry Miller, mais ce texte-là, qu’il a d’ailleurs publié lui-même, est trop beau et exquis et touchant. C’est sur cet écrit que se base partiellement mon exposition.» Une fable spirituelle, c’est l’adjectif que la plasticienne préconise, qui raconte l’histoire « d’un clown qui cherche à communiquer une joie durable à son public. »
L’intérêt de Shary Boyle pour l’art clownesque, voire le mime, est également lié à sa fonction sociale. Ce sont des médiums qui rejoignent le grand public, ça fait partie de la pop culture, certes, mais c’est aussi une formidable façon de faire passer un message. « Le clown un personnage subversif qui présente aux humains leurs chutes et leurs faiblesses, qui célèbre l’inconventionnel. C’est aussi d’un grand secours, ça soulage. On y retrouve une vraie authenticité. » Charlie Chaplin, en ce sens, a laissé une marque indélébile sur l’imaginaire de la sculptrice. De par ses idéaux, les valeurs qu’il a intégrées à sa production cinématographique. Il sera d’ailleurs l’objet d’une des deux œuvres centrales de l’expo. La seconde rendra hommage à Baptiste Deburau, ce pierrot du vieux film français Les Enfants du Paradis campé par Jean-Louis Barrault.
Clowns couronnés
Ce choix de thème est aussi motivé par le climat politique actuel et, plus précisément, par le président de nos voisins du Sud que la créatrice torontoise compare à un bouffon. « Il utilise le même genre d’artifices pour manipuler le public, asseoir son pouvoir. Il y a quelque chose de faux chez lui et il emprunte beaucoup à l’industrie du divertissement, à Hollywood. Donald Trump manipule les gens à travers la télé-réalité et les médias sociaux. »
Résolument engagés, les dessins et statues de The Smile at the Bottom of the Ladder s’inscrivent dans une démarche « éducative ». L’art pour Shary Boyle est une forme de militantisme qui passe par la beauté.
Du 17 novembre au 17 décembre
À la Galerie 3