La mystérieuse résidence, particulièrement grande à ce qu’on raconte, est vide et vouée à la démolition. Le sort du bâtiment était déjà scellé quand Phelipe Soldevila, grand chef du collectif à géométrie variable, a entrepris de le transformer en laboratoire artistique. Un projet «capoté, capoté, viré su’l top», pour citer les poètes bas canadiens d’Alaclair Ensemble, d’une ampleur sans précédent pour le groupe de plasticiens.
À l’instar de Catherine McInnis, Kaël Mercader, Samuel Breton et Pishier, pour ne nommer qu’eux, Cyrielle Tremblay verra son travail exhibé dans cet écrin des plus farfelus. Une myriade d’acryliques sur bois teintés de bleu, d’écru et de vieux rose, «principalement des portraits qui côtoient des abstractions». Réalisme et non-figuratif se côtoient tout naturellement dans la pratique de la peintre. «Ça vient alimenter mon obsession pour les contrastes au sein d’un même élément ou d’une même entité, confie-t-elle. C’est un peu une des lignes directrices de mon processus [créatif], au niveau conceptuel.»
On reconnaît les personnages de Cyrielle Tremblay à leurs yeux mi-clos, ce regard qui évoque à la fois le bien-être et la fatigue, l’exaltation des sens et le sommeil qui nous guette. Tous ses protagonistes semblent plongés dans ce même état d’esprit indescriptible mais enjôleur. «C’est comme ça que ça sort et c’est probablement dû à mon background en dessin et en illustration. C’est vrai que ça donne peut-être un air un peu dreamy, une vibe poétique. […] Dans ma propre lecture, je pense juste que c’est comme un clash avec ma personnalité. Ceux qui me connaissent savent que je suis plutôt du genre up beat, hop-la-vie. J’en reviens aux oppositions qui me suivent partout! Ça vient équilibrer.»
Fleur de bitume
Lorsque ses œuvres ne tapissent pas les murs des chics demeures de la Haute-Ville, la Québécoise peint essentiellement à l’extérieur, en pleine rue. C’est ce qui la ramène toujours au pays de Frida. «Le Mexique a une tradition de muralisme super forte avec des gros noms de l’histoire de l’art qui en ont fait. La population en général y est donc initiée, il y a plein de festivals, de projets communautaires ou gouvernementaux. Et si tu veux te taper un petit mur avec des amis un dimanche après-midi, t’as souvent juste à trouver un spot et à aller cogner chez les proprios qui sont souvent bien contents. Dans les barrios, il y a plein de maisons en béton vierge, donc ça fait leur affaire!»
Aussi graphiste de son état, une formation universitaire qui transparaît «surtout en matière de composition», Cyrielle Tremblay ne se cantonne pas dans un seul style ou médium. Elle prend des risques, expérimente énormément. «Je suis en constant apprentissage et je n’ai pas la prétention de maîtriser quoi que ce soit encore… à part l’espagnol, peut-être!»
Canadian Bacon : Flip/Flop
Du 17 au 19 novembre
2391 rue Marie-Victorin à Sillery
Mise à jour
L’événement Canadian Bacon: Flip/Flop a été annulé entre l’impression du magazine et la parution de cet article. Plus de détails ici.