SAT Fest : Art immersif : au-delà des nouvelles technologies
Le SAT Fest en est à sa 5e édition. Le festival, initié par la Société des arts technologiques, met en lumière des créations de courts formats élaborées par des artistes locaux et internationaux qui investissent le médium de l’immersion.
Depuis le lancement du festival en 2012, le médium de l’immersion a fait «un grand pas», explique Louis-Philippe St-Arnault, directeur de la production et du développement immersif à la Société des arts technologiques (SAT). Néanmoins, «on est encore un peu dans une période exploratoire de l’immersion. Il y a encore beaucoup de recherche qui se fait sur le langage du médium, que ce soit sur les différentes idées de mouvements, de personnification ou sur la perception du spectateur». La satosphère a été inaugurée à l’automne 2011. Loin d’être la première à développer ce type d’expérience visuelle propre à la science, il n’en demeure pas moins qu’elle revendique sa notoriété quant à la démocratisation d’espaces de grands formats et à sa capacité à créer de la valeur autour du geste artistique dans les environnements immersifs.
Afin de favoriser la recherche et l’accès à la création dans le domaine, l’organisme investit dans la formation des artistes qui souhaitent migrer vers l’art immersif. Un accompagnement qui se traduit par l’octroi de résidence, de soutien à la production, de diffusion et même par l’entremise de distributions d’expériences immersives originales. Au cours des dernières années, l’accès aux outils de création en art immersif a été facilité par la montée en popularité de la réalité virtuelle (VR), explique Louis-Philippe St-Arnault. Alors que la VR fait avancer la recherche en matière d’interaction entre l’humain et la machine, le concept de vivre une expérience collective en immersion distingue clairement ces deux médiums. «Le fait de sentir sa présence dans l’environnement qu’on habite, la présence de ton corps avec l’autre, de voir les autres réagir» font en sorte que l’art immersif se rapproche davantage des arts de la scène. La capacité qu’a une œuvre de susciter des réactions physiques chez le spectateur est aussi une des caractéristiques fortes de la discipline. «La façon de faire sentir au public qu’il est partie prenante de l’action devient une trame narrative en soi.»
SAT Fest 2018
De la trentaine de soumissions reçues cette année, environ le tiers fera partie de la programmation qui occupera le dôme de la SAT pendant un mois. La sélection 2018 s’envolera ensuite vers une dizaine de villes à l’étranger. Les propositions qui varient entre 3 et 8 minutes sont regroupées afin de proposer au public une expérience d’un peu moins d’une heure. Sans être restreinte à une thématique particulière, la sélection met de l’avant à la fois des artistes locaux et internationaux. On peut s’attendre à des œuvres qui explorent le médium de l’immersion du point de vue de la forme et des propositions qui s’inscrivent dans une démarche davantage narrative. «Ce qui est intéressant cette année, c’est qu’il y a des moments un peu plus ludiques et d’autres un peu plus sombres.» Certaines propositions flirtent avec le suspense alors que d’autres cherchent à déjouer la perception du spectateur.
Le processus hybride entre la création sonore et visuelle favorise la multidisciplinarité des artistes qui investissent le médium. On retrouve d’ailleurs plusieurs duos et des collectifs derrière les pièces présentées au SAT Fest 2018, ou encore des artistes issus de parcours atypiques. Un des artistes montréalais sélectionnés en est un bon exemple. Sean Caruso s’allie cette année à Mourad Bncr afin de présenter l’œuvre Visit. L’artiste avait fait ses débuts en musique expérimentale avant de se tourner vers le mapping vidéo. Parmi les créateurs de la programmation 2018, on retrouve le Suisse Benjamin Muzzin, le Québécois Johann Baron Lanteigne ainsi que le Français Benjamin Vedrenne.
«La SAT est un centre de création avant tout. On ne veut pas devenir le Guzzo de l’immersion. À travers le SAT Fest, on cherche à continuer de donner un accès aux jeunes artistes qui peuvent tester le médium et prendre des risques. On dit souvent qu’ici, on fait de la création en journée et on ouvre les portes à 17h pour que le public puisse voir ce que les artistes font, ce que les chercheurs sont en train de développer.»
Du 9 janvier au 2 février
À la Société des arts technologiques