Stacy-Ann Oliver : Les lignes du territoire
Arts visuels

Stacy-Ann Oliver : Les lignes du territoire

La jeune artiste d’origine jamésienne part sur la trace de villes qui n’existent plus et articule sa démarche artistique autour du territoire et de la manière dont nous le façonnons.

Sa participation à la sixième édition du Symposium arts et rives de Lac-Etchemin est l’une des premières expériences importantes de l’artiste. «Ça s’imbrique vraiment bien dans mon travail, parce que j’essaie toujours de démystifier ma région d’origine et de propager les mythes relatifs à celle-ci. Je vais justement travailler avec le public pour ça.»

Il s’agit de la Jamésie, région du Nord-du-Québec communément appelée la Baie-James. «C’est une région qui est très jeune, elle n’a pas beaucoup de passé historique, elle n’a pas beaucoup de passé culturel, les gens n’ont pas tellement d’identité propre en tant que Jamésiens. Ils vont s’identifier plus à l’Abitibi ou au Saguenay–Lac-Saint-Jean.»

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photo : Courtoisie de l’artiste

Le projet de Stacy-Ann Oliver tentera de contribuer à cette identité dans une série de tableaux et de sculptures créés à partir des réponses des visiteurs à la question: «À quoi pensez-vous lorsque je vous dis Baie-James?» Elle y voit une tentative de construire ou déconstruire les histoires relatives à l’éloignement et au Nord.

À travers plusieurs prismes

Mais ce mot si vaste qu’est le territoire ne se résume pas qu’à la géographie et à la politique. «Je préfère parler de paysages même si ça va ensemble. C’est en regardant le paysage qu’on mesure notre influence sur le territoire.»

C’est d’abord par son regard de photographe que l’artiste appréhende l’espace et que celui-ci cesse d’être théorique. Ensuite, ce sensible capturé devient sculptures ou peintures. «Puisque mon travail de création explore plusieurs aspects différents du territoire et du paysage, l’utilisation de plusieurs médiums simultanément me permet à la fois de morceler l’idée du territoire et, surtout, d’inclure individuellement plusieurs concepts qui construisent cette idée.»

En quête de traces

Adoptant une méthode documentaire, Stacy-Ann Oliver part à la recherche du banal et du particulier. Entre les archives, la collecte d’images et les témoignages se cachent des histoires. Comme celles de villes disparues.

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photo : Courtoisie de l’artiste

C’est le cas du village minier de Joutel, construit en 1965 et rasé en 1998, auquel l’artiste consacre une œuvre évolutive. «C’est quelque chose qui a quand même marqué mon enfance de voir que ça n’existe plus et de me dire que peut-être que ça va arriver à ma ville. Un jour, je risque de dire que je viens d’un endroit qui n’existe plus.»

Cette réflexion rejoint la démarche de la jeune femme, qui est celle de montrer comment on habite le territoire, comment on le perçoit et comment on participe à son évolution. Ou à sa survivance à travers l’attachement de ceux qui s’en souviennent. «Le manque de culture que les gens ont par rapport à la nature, ça me frappe beaucoup et ça nourrit aussi ma pratique. J’essaie de rendre compte qu’en dehors des villes, le territoire est oublié.» L’un des objectifs de l’artiste est de pousser les gens à regarder véritablement les choses qui sont pourtant sous leurs yeux.

Les 25 et 26 août de 10h à 16h
Sanctuaire Notre-Dame d’Etchemin
(Dans le cadre du Symposium arts et rives)