L’art de taire le monde
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j’ondule sous les bariolages urbains
des escaliers en colimaçon
mes bottes valsent avec les sacs à vidanges
pieds nus sur les plaques tectoniques des ruelles
je cours
saturation des obscènes
raclements rythmiques
vacarme d’ambulances et d’enfants couchés trop tard
un chien jappe au loin
crier est un réflexe d’appui
mes tempes cristallisées
palpitent
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grandir ça débute avec
un coup de synthé
sous les nappes asphyxiantes
tentacules sur la peau
des Gameboy en fleurs
par chez nous les p’tits gars tremblent
fourrés de GAME OVER
se réfugient là
où la lumière persiste
ils vont danser
espérer
leur premier strobe
tomber dans les regards néon
au fond des discothèques ils se frottent se lèchent et quand ils sautent
ça fait des bruits
de Mario Bros
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eux c’est moi
je me berce
près du mur
m’agrippe aux jupes de la mémoire
me fredonne
les premières paroles apprises
voix de la mère
silence du père
ils me regardent
et appuient sur PLAY
l’art de taire le monde
en cadeau
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je suis un sous-genre de chimère
fausse note sous les draps
je m’annule au pied du jour
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je me destine à l’incertain, ça m’amuse, m’agite les sangs
sans soupçonner les vents qui sifflent les mesures des trottoirs
je me fraie un parcours vers ma provenance
ma capuche se décroche battue de bourrasques
espiègle, elle flotte, boîte percussive, enveloppe de tête où résonne le vide
les passants sursautent
les voitures freinent sur mon passage
je me grise de mon infime pouvoir
je suis chef d’orchestre
la ville se fige sous ma poigne légère
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23h13
parvis de l’église Saint-Roch
mes poings frappent le dos de ta guitare
nos hurlements de fous
scandale en ville
soudain la pluie les cris la police
ma bière ouverte coule dans mon sac
ruisselle le long de ma jambe
un vrai chien fautif, sans poteau pour son pipi
les yeux levés vers la statue de Jésus en or
les bras en croix je prie
j’ai pas eu de ticket, moi
la police me laisse filer
tu me suis
courir
vers le bar le plus proche
la peur assèche
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j’partirai pas
tant que j’aurai pas chanté ma toune
pas question
j’tais sur la liste comme tout l’monde
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nos corps sur la piste
discours lancés
inaudibles
on s’agite comme des perdus
plus rien autour
mais nous autres
on s’en sacre
pas vrai?
les assoiffé.es crient
les affamé.es dansent
c’est ainsi
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poser un pied
puis l’autre
nos corps basculent vers l’avant
les bras n’ont nulle part où s’appuyer
genoux tremblants
ATTENTION
on pense
que c’est pour faire rire
perdre le contrôle
comme source de divertissement
criss a sait ben pas danser elle messemble qu’a pourrait faire comme tout l’monde pas obligée d’exagérer osti check-la check-la
personne n’entend nos cris
ÉCROULEMENT
c’est drôle n’est-ce pas
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derrière la porte
une berceuse
comme pour vérifier
que j’existe et que j’arrive
bientôt à la maison
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