Visite de la nouvelle exposition de merveilles et de curiosités à Pointe-à-Callière
Jusqu’en 2020, le musée expose plus de 1000 objets et nous ramène au 16e siècle.
Du sol au plafond, on a droit à un mélange d’antiquités, d’animaux empaillés, d’ossements, d’armes, d’instruments et autres artefacts. Dans la pièce centrale du musée, appelée pour l’occasion La Chambre des merveilles, plus de 500 objets sont réunis, répartis dans une esthétique contemporaine, mais dans la même direction que les cabinets de curiosité d’autrefois: dresser un petit théâtre du monde. Ici, il est simplement question de se laisser submerger par les émotions et par la curiosité. Tout n’est pas expliqué, tout n’est pas logique, comme chez un collectionneur d’antan.
L’exposition Dans la Chambre des merveilles plonge le visiteur dans l’âge d’or des cabinets de curiosité: «Il y avait de grands cabinets un peu partout en Europe. Les aristocrates et les princes avaient les moyens de voyager et donc de ramener des pièces uniques et originales pour l’époque», explique Ève Dumais, chargée de l’exposition.
Les nobles de l’époque souhaitaient reproduire le monde sans vraiment le comprendre. Ils collectaient et organisaient leurs découvertes en fonction de leur goût personnel, sans suivre aucune cohérence.
«Il y avait une fascination pour les civilisations anciennes et l’exotisme. Les collectionneurs organisaient leur espace comme bon leur semblait, souvent basé sur un aspect esthétique et non géographique, logique ou historique. Le but était de faire sensation et d’épater la galerie», poursuit la chargée de l’exposition.
Au Québec, ce n’était pas la même réalité. Les cabinets de curiosité n’existaient pas. Cependant, le musée a fait ses propres recherches pour trouver quelques ressemblances et offrir un beau parallèle avec ces collectionneurs. Par exemple, les vitrines victoriennes très populaires au Québec rassemblent et organisent le monde naturel, tout comme les cabinets de curiosité.
Dans la troisième salle, l’exposition nous dévoile un autre aspect de ces collectionneurs d’antan. Il y avait à cette époque un grand attrait envers l’imaginaire, les légendes et les animaux fantastiques. Toujours dans cette démarche de dévoiler l’inconnu, les aristocrates inventaient des mythes ou créaient eux-mêmes des objets imaginaires ou des monstruosités.
«On pensait, par exemple, que la défense du narval était une corne de licorne; quant au poisson rémora qui a une ventouse sur la tête, on disait à l’époque qu’il pouvait arrêter les navires. Certains assemblaient même des morceaux d’animaux pour créer des sortes de sirènes», poursuit Ève.
Les années passent et les collectionneurs ouvrent leur esprit à la connaissance et s’interrogent de plus en plus: ils apprennent non pas à organiser leurs objets de façon esthétique et personnelle, mais bien à lier les choses, à trouver des similitudes. Dans cette autre salle, on découvre l’esprit d’analyse et de classement de l’être humain: «Après la période des cabinets de curiosité, c’est le début de l’esprit scientifique et du siècle des Lumières. On commence à faire des liens, des classements et à comprendre davantage le monde».
La dernière salle de l’exposition nous convie à la connaissance de collectionneurs d’aujourd’hui. Que ce soit des petits cochons, des poupées d’antan, des tasses ou bien des boites, il y en a pour tous les goûts, et la chargée de l’exposition s’en réjouit: «Ce qui est incroyable, c’est qu’on connait tous quelqu’un qui collectionne. Et on peut tout collectionner! Cette relation unique à l’objet ne peut pas disparaître, je pense», se confie Ève.
Tout au long de la visite, c’est un véritable sentiment de découverte, un besoin de curiosité et un constant émerveillement qui nous tient en haleine. On plonge dans un univers peu commun qui a façonné la plupart des grandes collections européennes d’aujourd’hui.
Dans la Chambre des merveilles
Jusqu’au 5 janvier 2020
Au Musée Pointe-à-Callières