Ludovic Boney : Rendre l'art accessible à tout le monde
Arts visuels

Ludovic Boney : Rendre l’art accessible à tout le monde

Le nom de Ludovic Boney circule beaucoup dans le monde des arts visuels, pour moult raisons dont celles-ci: liste préliminaire du prestigieux prix Sobey pour les arts en 2017, prix du CALQ pour l’œuvre de l’année dans Chaudière-Appalaches en 2018, prix Videre – Création en arts visuels en 2018 également. À l’aube de l’ouverture de sa nouvelle exposition Rassemblement familial à la Galerie des arts visuels de l’Université Laval, on revient sur le parcours atypique de cet artiste aussi prolifique que discret.

Pas besoin de se rendre dans une galerie pour admirer le travail de l’artiste originaire de Wendake. Ses œuvres sont disséminées à travers le Québec, de Gaspé à Gatineau, en passant par l’Abitibi et Charlevoix. L’une des plus récentes, et certainement l’une des plus impressionnantes, est sans conteste Une cosmologie sans genèse, qui veille sur le pavillon Pierre Lassonde du Musée national des beaux-arts du Québec.

Rares sont les artistes qui amorcent leur parcours en art public: c’est pourtant la voie qu’a empruntée Ludovic Boney après sa formation en sculpture en 2002. Une formation en art public en sol français puis une exposition lui permettent d’intégrer la banque de créateurs pour la Politique d’intégration des arts à l’architecture et à l’environnement des bâtiments et des sites gouvernementaux et publics, aussi appelée la politique du 1%. Les demandes affluent depuis ce jour, et ses œuvres gigantesques et poétiques, semblant souvent en équilibre précaire malgré leur taille imposante, se propagent aux quatre coins du Québec.

Une Cosmologie sans genèse, 2016 Aluminium, 624 x 312 x 312 pouces. Œuvre permanente installée au Musée National des Beaux-Arts du Québec   crédit photo : Guillaume D. Cyr

«Ce que j’aime, c’est de mettre des œuvres partout dans le territoire, de rendre ça accessible à tout le monde», souligne l’artiste à propos de ce pan de sa pratique. Loin de le rebuter, les très nombreuses contraintes techniques venant avec la création d’œuvres qui devront résister aux intempéries et au passage du temps se révèlent un important moteur de création. À preuve, il souhaite un jour s’attaquer à la réalisation d’un viaduc. «Chaque lieu a ses défis et ses contraintes, et c’est un peu ce qui me mène à faire ces formes-là.»

Cette sensibilité au lieu dans lequel se déploieront ses œuvres se lit dans toute la production de l’artiste, que celles-ci soient destinées à l’art public ou à une galerie, une avenue qu’il explore depuis moins longtemps mais de plus en plus fréquemment. Ces espaces clos lui permettent de «modifier totalement l’atmosphère du lieu», d’envelopper les visiteurs de l’environnement qu’il a créé.

Avec Sous les chatons, présenté à la Galerie Michel Guimont et pour laquelle il a remporté le prix Videre – Création en arts visuels, des centaines de milliers de minuscules sculptures représentant les fleurs du bouleau (nommées chatons) étaient suspendues au plafond, l’ensemble créant une nappe à la fois aérienne et imposante. C’est le plafond suspendu de la galerie qui a servi d’étincelle d’allumage: «Je voulais faire une suspension avec ça; c’est plein de trous, donc j’ai suspendu plein de petites choses dans ces trous-là.»

Afin d’éviter tous ces nœuds / Why so many ties?, 2017. Planches d’épinette, acier, sacs de plastique et bande sonore, 156 x 78 x 590 pouces. Vue de l’exposition présentée à OBORO à Montréal.

Sa prochaine exposition s’inscrit dans la même lignée d’œuvre immersive. Il s’agira d’un parcours inspiré du cabinet de curiosités, où les visiteurs seront exposés à différents souvenirs, objets et odeurs, à travers un parcours parsemé d’obstacles où ils devront parfois se pencher pour progresser. «Ce qui me motive dans mes créations, c’est de créer un rapport au corps, une émotion physique», reconnaît Ludovic Boney.

Pour la thématique, le point de départ a été la localisation géographique de la galerie, à proximité de la Maison des métiers d’art de Québec où il a étudié, et par extension, de sa famille. Celle-ci, prise au sens large du terme, agit donc comme fil conducteur à l’exposition. Sur le plan visuel, le sculpteur est parti de la blancheur immaculée de la galerie et de ses plafonds bas pour imaginer un grand abri temporaire (tempo) blanc, dont l’intérieur sera divisé en pièces qui formeront le parcours qu’emprunteront les gens.

En plus de participer à de nombreux concours d’art public, épaulé par son noyau dur de collaborateurs, Ludovic Boney participe présentement à l’exposition collective De tabac et de foin d’odeur. Là où sont nos rêves au Musée d’art de Joliette, et fera notamment partie d’un circuit d’art public dans le cadre du Festival international de musique actuelle de Victoriaville. Pas de doute, son nom et ses œuvres continueront de voyager, tout comme ils feront se mouvoir les gens qui voudront bien les expérimenter.

Rassemblement familial
de Ludovic Boney
Du 11 avril au 19 mai
À la Galerie des arts visuels de l’Université Laval
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