Festival Chromatic : l'année de la maturité
Arts visuels

Festival Chromatic : l’année de la maturité

Pour célébrer ses 10 années d’existence, âge vénérable dans le monde de l’événementiel, le Festival Chromatic a décidé de mettre plus que jamais les artistes visuels au cœur de sa programmation.

«Le but premier, c’était vraiment de créer un terrain plus agréable pour les artistes: on a essayé de faire beaucoup plus de ponts entre les expositions et les conférences», souligne le directeur général Arthur Gaillard. Le festival souhaite que les artistes faisant partie de la programmation bénéficient au maximum de leur passage et multiplie les opportunités de réseautage: «On a monté une délégation internationale qu’on a fait venir des États-Unis et d’Europe avec différents centres, institutions, et agences créatives.»

La programmation propose plusieurs façons de découvrir le travail de ces artistes, l’exposition en tête. Cette année, ce n’est pas une, mais trois expositions qui se combineront, grâce au travail du festival et de deux équipes externes de commissaires. «C’est une manière de collaborer entre nous pour développer de nouvelles techniques, comprendre comment les autres travaillent», explique Arthur Gaillard. Le public sera donc amené à explorer l’espace de l’Usine C comme il ne l’a jamais expérimenté, puisque les œuvres ont investi tout l’espace disponible, des couloirs aux loges, en passant par le sous-sol.

En plus des expositions, l’équipe de Chromatic signe une programmation soignée, où de grands noms de l’art contemporain côtoient des artistes moins établis.

On note une rare présence du collectif d’artistes de Québec BGL, qui présentera sa pratique lors d’un talk, le photographe français Jacob Khrist, l’artiste multidisciplinaire montréalaise Caroline Monnet, l’artiste américain d’origine italienne Maurizio Cattelan, qui sera exposé à la Galerie Blanc, ou encore le galeriste Hugues Charbonneau, qui participera à l’un des panels. Les conférences, qui s’articuleront notamment autour des questions de l’art comme outil de révolte et sur la place des femmes dans l’art contemporain, et dont les intervenants rassemblent artistes comme galeristes, s’annoncent fort pertinentes.

Winnie Truong

C’est d’ailleurs cette vision globale et complète de l’art qui a poussé la Torontoise Winnie Truong à accepter l’invitation du Festival Chromatic, alors que celui-ci renforce ses liens avec la métropole canadienne: «Ça fait un moment que je n’ai pas exposé à Montréal en dehors de la foire Papier. Ça sera une belle occasion de me replonger dans ce qui se fait ici.»

Oeuvre de Winnie Truong

Celle qui se consacre au dessin réalisé à partir de crayons de couleur présentera deux grands dessins foisonnant de détails, dont certains éléments seront amplifiés grâce à des découpages mis en relief. Son univers de papier découpé appelle le mouvement, et c’est ainsi que les visiteurs pourront apprécier deux animations de ses œuvres, dont l’une qu’elle termine spécialement pour l’exposition.

La main tendue à la relève

«Même si on a pris un penchant un peu plus contemporain au fil des années, le but n’est pas de devenir un festival élitiste, mais d’être toujours ouvert vers une grande majorité de publics et d’artistes», rappelle Arthur Gaillard. Chromatic souhaite conserver un équilibre, celui, délicat, «de pouvoir donner la place à de jeunes artistes qui n’ont jamais forcément été exposés, et de pouvoir créer des liens quand même grâce à des leviers d’artistes plus établis».

Ainsi, pour donner un coup de pouce aux artistes en début de carrière, une partie du volet pro est dédié à l’entrepreneuriat culturel et aux partenariats. Le but : aider concrètement la relève à pouvoir durer dans sa pratique, un enjeu dont Chromatic est particulièrement conscient malgré ses 10 ans.

Préparer l’avenir

«On a commencé le festival en tant que projet d’étudiants: forcément, ça prend du temps avant de vraiment voir où tu veux aller, et après, de donner des directions au projet», constate M. Gaillard, fier de présenter l’édition la plus cohérente et aboutie à ce jour. «Même si on a été moins cohérent certaines années, ça a toujours donné de belles éditions et des moments intéressants. On a tous évolué avec le projet.»

C’est dans une optique de distiller l’amour de l’art et de semer des idées que Chromatic offre pour une première année un volet étudiant, avec une matinée qui leur sera entièrement consacrée. Les élèves pourront donc accéder gratuitement à des ateliers et des conférences, dont le but avoué est de leur fournir des bases pour en faire des citoyens conscientisés aux enjeux du milieu culturel – et peut-être inspirer certains d’entre eux à devenir les artistes et les entrepreneurs culturels de demain. «C’est encore plus important de parler à un jeune public, ce sont eux qui agiront dans le futur», conclut le directeur général, bien placé pour le savoir.

Festival Chromatic
du 10 au 17 mai
à l’Usine C
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