Vous l’avez vue, sur Facebook, cette poupée Barbie scotchée à un fût, dont on tire les cheveux pour servir une bière gentiment baptisée « Tite Pute » ?
Z’avez ri? Pas moi.
C’est tout sauf drôle, en fait. Et rire de cette violence sexiste, qui passe trop souvent sous le couvert de la « normalité », c’est franchement con. L’humour, faut-il le rappeler, est un vecteur de banalisation de la violence. Et ça tombe bien, ce sont justement les 12 jours d’action contre la violence faite aux femmes.
L’humour, n’en déplaise à certains, doit faire l’objet d’une intransigeance particulière lorsqu’il s’avance sur le terrain genré. Que ce soit lorsque, « pour rire », on utilise les cheveux d’une Barbie pour servir de la bière dans une taverne crade, lorsqu’on affuble des sobriquets dégradants à certaines femmes ou lorsqu’on plaisante avec le consentement sexuel.
Dans la même veine, à la faculté universitaire que je fréquente, nous avons eu, il y a quelques semaines, un micro scandale similaire. En quelques mots: il y a une petite gazette hebdomadaire qui collige différents textes des étudiants et publie quelques informations sur la vie facultaire. Or, il s’agit d’un espace libre, parfois ludique, qui comprend notamment une section baptisée Overheard at the Faculty. La plupart d’entre vous êtes sans doute familiers avec le concept, alors qu’on retrouve sur Facebook des pages Overheard at/Entendu à pour à peu près n’importe quoi. Le procédé est simple : les gens soumettent des répliques drôles ou stupides qu’ils entendent, par hasard, dans un lieu donné.
Mais évidemment, dans ce genre de rubriques, il arrive parfois (souvent) que les blagues relayées soient plutôt « limite ». Et comme de fait, nous avons enregistré un dérapage assez stupéfiant. Une « joke de viol » bien en règles, qui, pour ne pas la répéter, consistait essentiellement à nier la pertinence du consentement sexuel des femmes, dans certaines circonstances. Dégoût généralisé. Pas fort, pour des apprentis juristes. La semaine suivante, heureusement, le petit journal publiait un numéro spécial dédié au consentement.
Un peu comme avec cette fameuse Barbie, donc, tout le monde enfilait momentanément ses « lunettes genrées ». Celles qui révèlent un sexisme ordinaire et discret. Ce sexisme invisible qui ordonne les rapports de subordination les plus insidieux, ancrés à même notre conception du genre.
Or, cette manie populaire qui consiste à plaisanter avec la brutalité sexuelle est profondément troublante, car elle témoigne d’une tolérance étrange à l’égard de la violence genrée.
Plus généralement, en riant de la violence faite aux femmes, bien qu’elle ne soit que symbolique, on place ces dernières dans une posture de vulnérabilité constante, à travers laquelle elles sont perpétuellement sujettes au rejet et à l’humiliation. En se moquant du viol, de la brutalité ou alors en dénigrant les femmes de manière « humoristique », nous affirmons implicitement qu’elles ne peuvent aspirer à la pleine sécurité dans leur environnement. Celui-ci se présente plutôt comme étant fondamentalement hostile, risqué ou aveugle à la souffrance…
Comment espérer, dans pareilles circonstances, que les femmes s’insèrent avec la même confiance dans la société que leurs concitoyens masculins?
Par ailleurs, les « jokes de viol » et autres plaisanteries sexistes provoquent une rupture abrupte entre les femmes victimes de violence et leur communauté. En banalisant les agressions par le rire, nous reléguons les femmes violentées aux marges. À une zone d’ombre où leurs souffrances n’existent pas; où elles mêmes n’existent pas. Ainsi, d’un côté, il y a le rire. De l’autre, le silence. La contrition indue. La honte.
La sanction de la violence subie, apparemment, serait l’exclusion. Et là, à mon avis, y’a vraiment pas de quoi rire.
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Et moi, sur Twitter, c’est @aurelolancti !
L’anonymat, dans ce cas la section overheard at.., c’est franchement un incitateur à l’imbécilité. Tellement facile de faire passer ça pour de la liberté d’expression, quand au contraire c’est juste faible et trop facile de dire des imbécilités misogyne sur la place publique.
Who cares…..
Not enough people, sadly.
boorrriiinnnngg
Je trouve pathétique que Gab Roy soit intronisé par VOIR comme un commentateur crédible et que lui et le gars de la taverne Au Corsaire (ce n’éaient pas des violeurs, les corsaires? #justaskin’) fassent TLMEP.
Les vraies putains sont les gars des médias.
Article très intéressant, et très réaliste! je dit souvent qu’il n’y a pas assez de femmes en humour…
Avant de parler de violence sexiste, il faudrait peut-être un peu mieux connaître les propriétaires et le concept de la micro-brasserie en question. Je serais plus porté à parler d’erreur de jugement que de violence sexiste… Vous êtes donc tous et toutes invité(e)s à venir visiter Lévis pour découvrir l’endroit et ses produits…. 😉
Il n’est pas question de faire un procès d’intention aux promoteurs de ces marques au nom de mauvais goût. Peut-être peuvent-ils évoquer un manque de jugement (intelligence) et un humour déficient (par sa grossièreté) plutôt qu’une cupidité voulant tabler sur les mauvais penchants d’une tranche de clientèle.
Il n’en reste pas moins que, quelques soient les intentions, ces noms et cette pub banalisent la violence sexuelle envers les femmes et qu’on a raison de protester. Sinon, ce message aurait continué d’être véhiculé. Et d’autres, n’étant pas sensibilisés aux effets du manque de jugement joint à la grossièreté, auraient pu suivre le même chemin.
P.S. Imaginez-vous un instant qu’une micro-brasserie pourrait sortir des bières avec des noms comme « Le douchbag crétin », « Le mâle débile », « Le soulon » (qui portant pourrait être approprié 😉 ), etc. ?
Alors pourquoi certains pensent à des noms dérogatoires envers les femmes ? Et que plusieurs défendent ces idées ?
Je ne parle pas de la réaction si quelqu’un sortait une bière nommée « Le pédophile ».
J’espère que Guy A. aura un ou une invitée pour faire contrepoids au faux frère Simon Jodoin, qui avec son faux mâle préféré qu’est ce Gab Roy, entraîne lentement, mais sûrement Voir dans la catégorie poubelle.
À vomir !
Une taverne crade ??!!
Zêtes jamais allé au Corsaire, on s’entend.
Beaucoup de bruit pour rien, ou comment parler pour rien en se positionnant de facto comme n’ayant aucune crédibilité en lançant à tous vents des préjugés grossiers.
Quand le jupon dépasse au point d’en devenir une robe, c’est plus rigolo que scandaleux.
Euuuhh, pourquoi l’auteure parle de viol et de violence faite aux femmes en s’appuyant sur la bière la Tite pute, dont la recette est « une petite blonde facile à brasser », dont l’image est une Barbie, à laquelle la brasserie Le Corsaire manque de respect parce que personne, et les féministes les premières, ne respectent l’image de Barbie, une petite blonde facile ?
C’est moi qui comprend pas, ou qui comprend trop, qu’Aurélie Lanctôt est une conservatrice puritaine en mission divine de purification sociale ?
L’université n’est-elle pas l’endroit où on apprend que l’éducation vaut plus que toutes les lois du monde ?
Et que chaque difficulté est une opportunité d’éduquer et non réprimer.
Merci Aurélie pour ce texte.
J’ai été extrêmement choqué par cet événement qui n’est, à mon sens, pas banal du tout, mais endémique, plutôt. Ce sera donc ici ma dernière prise de position sur le sujet, car j’ai pour principe de ne jamais entrer dans les débats stériles 2.0.
Je vais aussi en profiter pour répondre à Pierre Couture.
La communauté brassicole du Québec est petite et tout le monde a vite fait de réagir. Ce qui me choque le plus, c’est de remarquer la petitesse d’esprit des gens. J’ai remarqué que beaucoup ne sont pas capable de faire la différence entre l’individu qui pose un geste, comment ce geste participe d’une dynamique sociale violente, et la réalité globale de la violence faite aux femmes. Dans cette lacune intellectuelle, on en appelle à l’humour, à l’ironie, au deuxième degrés. Mais comme c’est vide le deuxième degrés !!
Aussi, connaître les propriétaires, le fait qu’un d’eux soit une femme, que tout le branding du Corsaire repose sur de telles jokes, tout cela n’enlève rien au fait qu’ils participent d’une dynamique sociale qui tend à reproduire les préjugés, même dans l’ironie. Tout le concept de banalisation de la violence passe par l’ironie. L’ironie appelle au détachement et au détournement d’une réalité à des fins de banalisation de celle-ci. Pire que la violence elle-même, la banalisation de la violence est un acte hautement violent. Se faire nier, en tant que personne ayant vécue de la violence sexiste, je n’ose imaginer.
Le travail intellectuel recommande de sortir du cas par cas, et de regarder des situations plus globales, comprendre les dynamiques sociales. Peut-être à ce moment pourrez-vous comprendre en quoi le Corsaire a dépassé les borne, bien qu’il soit constamment déplacé quant à son branding.
Merci
Olivier
Merci Olivier pour ce texte.
(1)
Des fois je me demande si les nouveaux blogues ici et la sont le fruit du hasard …
On se demande si des gens se parlent et tentent de faire avancer un agenda avec des blogues ici et la.
(a)
Jerome Lussier du voir a la CAQ … de la CAQ a l’actualite ….
(b)
Une blogueuse dans voir qu’on se demande si elle fait de la propagande pour l’homepathie et autre sous le couvert d’un blogue de bouffe.
….
(z)
Et dans le fond est-ce si ridicule que QS, FFQ et les inclusives tentent de se repositionner ici et la.
Qu’on se comprenne bien …. Aurelie a bien pris position dans le fond pour un feminisme capable de vivre avec le voile … le niqab … la burka … le burkini … la burqab tient …
Un feminisme capable de bien vivre avec l’endoctrinement des filles dans une confession religieuse ….
Un feminisme qui va bien sur mettre de cote le fait qu’une confession religieuse se transmet par endoctrinement et va evoquer la liberte de porter ceci ou cela …
Un feminisme capable de vivre avec les sectes hassidiques et le non choix pour les femmes ….
Un feminisme qui decide de pas parler de la charte lorsque reunit pour discuter d’orientation pour les annees qui viennent …
Un feminisme qui va comparer l’endoctrinement religieux et le port de symbole religieux avec le maquillage pis s’habiller sexy …
Un feminisme qui evoque tellement le maquillage et l’habillement sexy que je me demande si dans le fond ca explique pourquoi on se sent comfortable avec du monde qui ont integrer les discours de pudeur de certaines confessions religieuses …. et qui decide de porter voile et l’accoutrement qui souvent couvrent toutes les mechantes forment.
http://www.radio-canada.ca/nouvelles/societe/2013/10/16/002-charte-valeurs-position-inclusives-janettes.shtml
(2)
Pendant qu’a cote des petites filles vont se faire endoctriner … avoir aucun choix … aucun respect de leur liberte de conscience …
Aurelie va regarder de cote, nous faire du spin …
(3)
Aurelie peut etre cela m’a echapper, mais en regardant ton twitter on peut pas dire que la question des filles dans les sectes hassidiques t’interesse ?
Ca t’interesse pas Aurelie ?
Bonjour,
Le thème traité ici fait partie de mes centres d’interets et je suis à la recherche d’une personne pour m’aider dans un écrit (livre) touchant à ce sujet.
Merci de contacter Sandra 514-962-1884