Aujourd’hui j’ai lu l’histoire suivante sur la page Facebook d’une amie:
« Moment à briser le coeur : À l’épicerie aujourd’hui, une petite fille de trois ans, adorable, a couru vers moi en criant « MAMAN, MAMAN TU ES REVENUE! » Arrivée en face de moi, juste comme je croyais qu’elle réaliserait que je n’étais pas sa mère, elle s’est arrêtée et a dit « Tes cheveux ont repoussé, tu es vraiment belle! » Son père qui était derrière est venu s’excuser. Il m’a dit que je ressemblais beaucoup à sa femme, morte il y a quatre mois d’un cancer du cerveau. Puis il s’est tourné vers sa petite fille et lui a dit « Ma chérie, ce n’est pas maman… Maman est avec les anges. Elle ne reviendra pas, pas maintenant, ni jamais… Je suis tellement désolé. » Je n’ai jamais entendu un enfant crier comme ça de ma vie. J’ai passé les 15 minutes suivantes assise au milieu de l’allée de l’épicerie, avec la petite fille qui sanglotait dans mes bras. J’ai l’impression d’avoir été frappée par un train. »
L’anecdote est d’une tristesse infinie. J’en parle parce que je ne sais pas quoi faire avec. Sur un blogue, peut-être, tout peut devenir banal. En soi, l’histoire n’a pas de lien avec les thèmes habituellement débattus ici, particulièrement à la veille d’une campagne électorale.
Sauf peut-être le rappel suivant : pour beaucoup de gens, la politique n’a aucune importance.
Elle passe loin derrière des drames infiniment plus graves, urgents et immédiats. Quand on ramasse le deuil d’une enfant de trois ans à l’épicerie — quand on est en faillite, en divorce, ou aux soins intensifs pour soi, ses enfants ou ses parents — les chicanes de drapeaux et le montant de redevances minières deviennent bien secondaires. Pas pour tout le monde, bien sûr. Mais pour plusieurs êtres humains normaux et respectables, aspirés par l’intensité de leurs troubles.
J’ai des amis très éduqués, très politisés, qui regardent parfois de haut, comme une plèbe inconsciente, tous ces gens qui ne s’intéressent pas à la politique, et qui votent (ou pas) aux quatre ans, sans conviction profonde et sans arguments précis. Des amis et des connaissances qui sèment la terreur dans les soirées d’amis et les soupers de familles parce qu’ils donnent aux autres l’impression d’être politiquement incultes, imbéciles ou irresponsables.
Il s’avère que j’aime la politique moi aussi, et que j’aimerais parfois que mes concitoyens s’y intéressent davantage. Je suis sans doute coupable d’avoir, moi aussi, déjà pris de haut ces gens dont la réflexion et les connaissances politiques étaient, en apparence, insuffisamment rigoureuses.
Or s’il y a une valeur quelconque aux histoires comme celle de mon amie — elle-même ultra-politisée, et qui a pleuré 30 minutes dans sa voiture avant de pouvoir quitter l’épicerie — c’est de rappeler à ceux qui l’ont facile qu’il y a une part de luxe dans leurs savantes préoccupations politiques.
C’est une réflexion que je m’impose au moins une fois par jour, et chaque fois que je croise de ces gens dont les soucis sont plus immédiats que toutes mes (oiseuses) indignations politiques. C’est un privilège, après tout, de devoir aller cueillir ses préoccupations dans les journaux, cette politique plutôt abstraite dont les pirouettes ne m’atteignent la plupart du temps pas du tout, ou alors seulement superficiellement.
C’est bien vrai, et les partis politiques l’ont bien compris en simplifiant au maximum leurs messages. Ce sont ces gens qui vont se définir de gauche ou de droite et voter en fonction du parti qui prétent être de gauche ou de droite.
Votre appel à l’humilité est important. Mais j’espère que ce n’est pas un abandon. Il faut discuter, de façon non-condescendante, de la chose politique avec tout le monde. Une société ne sera jamais forte politiquement si les politiciens ne sont pas en phase avec les attentes du public.
Ont peut s’intéresser a la politique et avoir un cœur Monsieur Lussier. Les drames personnels sont multiples et les dégâts sont nombreux. Faut-il pour autant se sentir « cheap « quand ont s’intéresse à la chose sociale et politique malgré les souffrances et les joies de la vie courante ?
Plus les gens s’intéressent a la chose politique moins ils deviennent manipulables. A la dernière élection provinciale la moitié de l’électorat ne s’est pas prévalue de son droit de vote et quand le vote ne sort pas les Libéraux de Charest sont favorisés a cause du vote anglophone et allophone qui EUX s’intéressent a la chose politique malgré les drames de la vie quotidienne et ils se font une devoir de SORTIR pour allez voter.
Cette année il y’ a quelques chose de différend dans l’air a cause de la crise étudiante et j’en suis fort aise malgré les dérangements que les simples citoyens auront vécus car les jeunes semblent vouloir s’intéressés de plus en plus a la chose politique , ce qui s’avère un plus pour l’ensemble de notre société. Bien entendu un plus pour l’ensemble de notre société et un moins pour les Libéraux de Charest !
C’est bien vrai.
Dens gens ont le cancer, je n’irai donc pas voter…
Misère….
(ps: Dites lui qu’avec de meilleures redevances minières par exemple, cette combattante du cancer aurait peut-être eu de meilleurs soins de santé…)
J’aurais dû commencer par votre blogue plutôt que celui de Normand Baillargeon. Le quotidien, même les anarchistes les mieux intentionnés ont tendance à l’oublier. (Désolé, Normand!) La vraie révolution sociale serait que les gens n’est plus à se soucier du quoitidien.
M. Asselin me semble avoir raison ici sauf que la majorité des Québécois penchent du côté du gouvernement au sujet de la grève des étudiants, ce qui pourrait être facilement l’as, dans la manche du génie électoral, mauvais génie quand même, Charest avec le retour, probablement perturbé, aux classes, au milieu d’août qui se trouve être au milieu de la campagne électorale. Une petite casse dans les classes, pourrait très bien être le « motton » dans le gruau électoral du PQ qui serait difficile à avaler par les Québécois avides de paix sociale qui sont pour l’ordre et le respect de l’autorité…en général..
Ce témoignage de votre amie sur Twitter est très touchant. Mais ne faites-vous pas en ce billet de la politique avec le drame d’une fillette ayant perdu sa mère dont les proches sont peut-être hyper politisés dans leur vie de tous les jours ? Selon vous, faire de la politique une activité de toute première importance dans une vie élimine t’il toute trace d’humanité empreinte dans le coeur et l’âme d’un(e) citoyen(ne) ? Non, quand on fait de la politique pour des objectifs et causes nobles nous favorisons la présence de plus d’humanisme chez chacun et chacune dans la vie de tous les jours, tristes comme joyeux.
« Selon vous, faire de la politique une activité de toute première importance dans une vie élimine t’il toute trace d’humanité empreinte dans le coeur et l’âme d’un(e) citoyen(ne) ? »
homme de paille.
voyons donc jean-pierre pas même entre les lignes du billet de jérôme peut-on déceler un embryon de cette idée ridicule.
Et quel mal y aurait-il eu à laisser croire qu’elle était vraiment sa mère?
»sous prétexte d’un principe de réalité »
Vous voulez quoi? Principe de jedi?
La réalité, mr Pottier, il n’y a que ça de vrai. Le reste me fait trembler comme une feuille au vent…
M. Perron,
je ne vois pas vraiment le rapport avec les jedi, ni avec la feuille au vent. Je partais plutôt de l’idée d’archétypes . Est-ce un mot trop compliqué pour vous?
Moi je me méfie des gens qui veulent imposer à tous leur « réalité » sous prétexte que « il n’y a que ça de vrai ».
Je pense qu’on peut laisser à chacun, enfant ou adulte, le soin d’acquérir sa réalité. C’est un processus d’apprentissage. Par contre, lorsqu’on se permet de détruire ou de dénigrer le processus d’apprentissage de son enfant sous prétexte qu’il est différent du nôtre, je pense que c’est mal assumer la tâche qui nous est dévolue.
En ce sens, je rejoins la pensée de Khalil Gibran, pour n’en nommer qu’un, je ne sais pas si vous connaissez, mais j’imagine que non, alors si vous voulez finir la journée un peu plus cultivé:
http://blogosapiens.typepad.com/isabelle_de_penfentenyo/2005/09/vos_enfants_ne_.html
M. Pottier, on vous laisse deviner.
Bien j’irai peut-être à contre-courant, mais je pense que l’enfant avait raison. Il se peut que l’amie ainsi reconnue ait été sa mère dans une ancienne vie, ou encore qu’elle ait été appelée à jouer un rôle de mère spirituelle (ange-gardien) dans cette vie-ci.
Je trouve que les adultes sont vraiment imbéciles d’insister sur des définitions exclusivement matérialistes des liens de parenté. Dans les familles reconstituées, il n’est pas rare que les enfants finissent par appeler « maman » ou papa le nouveau conjoint ou la nouvelle conjointe. Lequel titre est la résultante, et non la cause, de liens d’attachement ainsi développés.
Donc, personnellement, je trouve que le père a vraiment mal agi et n’aurait pas dû s’excuser, ni tenter d’annihiler la perception de son enfant sous prétexte d’un principe de réalité. Le deuil se vit mieux lorsqu’on parvient à entrer en contact avec des personnes signifiantes, ce n’est vraiment rien d’ésotérique.
Monsieur Bousquet ! La campagne électorale s’ ammorce avec une avance du PQ dans les sondages . Vous êtes un des membres du PQ qui avez défendu Pauline Marois bec et ongle . Par contre je sens que votre allégeance péquiste tend a fondre au soleil en ce début du mois d’ août et pour la bonne raison que la crise étudiante et le carré rouge de Madame Marois vous ont probablement rapprochez de Legault et de la CAQ .
Contrairement a vous je n’ ai jamais été un grand fan de Pauline mais je vais quand même voter pour le PQ car l’équipe et les nouveaux venus me donne foi en la capacité de ce parti de faire la différence a la prochaine élection .
Je sens que vous souhaitez » intérieurement » et » silencieusement » que les étudiants fassent du grabuge pour ainsi donnez la chance a la CAQ de gagner des points ! La CAQ représente tout ce que vous espérez monsieur Bousquet . Un parti de centre-droit , autonomiste-fédéraliste et en accord avec la loi 78 !
Certains québécois qui sont pour » l’ ordre et l’autorité en général » voteront pour remettre la corruption libéral au pouvoir par vengeance envers les étudiants ! Des gens qui se targue d’ intégrité et qui ne voteront que par émotion sans penser aux conséquences à moyen terme à long terme ! Bravo pour la conscience sociale !
Certes, l’anecdote que vous rapportez est touchante.
Cela dit, votre réflexion est très étrange… D’abord, vous confondez allègrement « la politique », « la réflexion et les connaissances politiques » et les « préoccupations politiques », si bien qu’on ne sait plus de quoi vous parlez, au fond…
Ensuite, vous semblez soutenir que « la » politique, qui est la participation à la chose publique, à l’édification et la régulation de la société, est complètement déconnectée de la société en tant que telle, où se passent « des drames infiniment plus graves, urgents et immédiats ». Mais est-ce la même chose d’avoir un proche aux soins intensifs au Québec, où les soins sont gratuits, et, disons, en Bolivie, où recevoir un nouveau rein coûte 10 000$ (je pourrais mois aussi vous sortir une histoire touchante à cet égard)? Est-ce que le deuil d’un enfant est vécu de la même manière suivant que sa famille et lui aient accès à un suivi psychologique, un service de garderie abordable, un service de répit spécialisé pour les familles, etc.
Vous voyez, aucun drame, aussi grave soit-il, n’a lieu en vase clos…
« Le » politique est le lieux des choix collectifs d’une société quant à son destin. Une fois que l’on a compris cela, soit on s’y engage (et il y a pour cela d’autres moyens que « la » politique: il y a l’engagement citoyen et communautaire, le militantisme, le lobbyisme – pour le meilleur et surtout le pire…-, etc.), soit on laisse d’autres personnes faire les choix pour nous…
Aussi, ce qu’il y a de désolant, j’en conviens, dans ce que « la » politique est devenue (ou a toujours été?…), c’est justement le fait que ce soit le lieu des choix qui sont faits pour nous. Raison de plus pour s’y engager (dans « le » politique, à tout le moins) et de changer ça! Le printemps québécois nous a fourni un magnifique exemple d’un tel engagement dans la chose politique, d’un tel réveil quant à ce qu’est et doit être « le » politique.
…Et cela n’empêche pas de continuer de s’émouvoir pour les drames qui ont lieu tout près de nous.
M. Asselin, je souhaite, contrairement à votre fausse idée, que les étudiants entrent paisiblement en classe afin de ne pas nuire au PQ, ce que souhaite le PLQ Charest.
Il y a aussi un risque aux étudiants qui s’écrasent pendant la campagne électorale. M. Charest pourra alors dire : Vous voyez, avec ma fermeté et ma loi 78, je les ai matés, ils sont devenus doux comme des moutons ». Les étudiants sont pris pour perdre, en plus d’avoir perdu leurs sessions ou de tenter de la reprendre avec beaucoup de difficultés. Les étudiants sont perdants-perdants parce qu’ils n’ont pas vu venir la casse et la grogne des Québécois quand on leur bloque les ponts et qu’on voit la casse, pendant leurs manifestations, à la télévision.
Je regrette cette situation. M. Charest, avec sa trop forte hausse des frais scolaires, a piégé les étudiants, afin de se faire réélire. Il était perdu et devait faire son Machiavel, ce qu’il fait très bien. Il a agité sa cape rouge de toréador et les étudiants sont tombés dedans avec leurs carrés rouges.
En fait, ce billet avait presque tout les éléments afin de devenir un classique de la démagogie moderne.
Vous avez inclus enfant, cancer, si vous aviez pu inclure »payeur de taxe », c’était le jackpot.
La vérité, en fait, c’est exactement le contraire de ce billet. La politique, c’est la chose la plus importante pour le développement d’un peuple, sur des générations, des années, des décennies voir des siècles. C’est le total collectif, si je peux m’affirmer ainsi.
La patrie est plus importante que l’individu. Le cancer est une maladie, presque qu’un fait divers. Une chose affreuse, certe, mais plus près de l’accident de voiture que d’un élément déterminant pour l’avenir de tous et chacun.
Sauf votre respect, j’ai beaucoup de misère avec votre texte.
J’ai passé la journée d’hier avec une amie dans la fin de la cinquantaine qui ne savait pas que Léo BB se présentait comme candidat du PQ. Son père de 91 ans fait des allers retours entre l’hôpital et son appart. Sa mère est placée dans un centre pour la maladie d’ Alzheimer. Elle est elle-même en congé de maladie. Comme je lui ai répondu : « Tu mènes ta propre campagne électorale pour survivre»
En cette dernière journée de juillet, elle m’a parlé de sa réflexion au sujet de la vieillesse. Comment vieillir sans devenir vieux, comment résister à la tentation de se définir uniquement à travers nos bobos, nos pertes. Elle m’invite à cesser de m’appeler « la mémé» parce que je risque d’y croire, de l’assimiler et d’affecter la qualité de la communication avec les autres.
La richesse de l’amitié que de parler aussi d’autre chose que des enjeux électoraux.
Mais il y a deux choses dans votre texte et j’ai de la difficulté à les relier.
C’est une histoire d’une tristesse sans nom dont personne n’est à l’abri, nous avons tous nos drames personnels mais en même temps nous devons continuer à vivre, la terre tourne avec ou sans nous. Les drames nous permettent de relativiser, de remettre de l’ordre dans nos priorités.
Ensuite je fais une distinction entre la personne politisée et le politisé snobinard.
Je suis politisé et je trouve triste, ne confondez pas avec le triste plus haut, de voir ces analphabètes politiques qui la considèrent comme une science occulte parce que finalement, elle aura une incidence directe sur leurs vies.
J’arrive pas à y croire !
Alors quoi, vos enfants se feraient frapper par une voiture que vous iriez aux urnes plutôt que d’être à leur chevet ?
Allons, sans être aussi dramatique, y a un tas de raisons et d’événements qui font qu’au final, la politique passe au second plan. On pense à soi-même avant la société, c’est connu, un réflexe, mais si on peut se sentir mal de le faire.
Jérôme Lussier dit justement ici-même qu’il y a une frontière entre le drame individuel et la chose politique. Ne me dites pas que la santé de votre famille passe après les finances de la province ? Vous scanderiez sur la place publique qu’il faut un meilleur système de santé que d’aller voir votre femme à l’hôpital ?
Laissez-moi en douter.
La politique n’est pas TOUJOURS le plus important.