C’est dans l’air du temps depuis des mois et le dernier sondage le confirme: une majorité de Québécois croient que le gouvernement Charest est gangrené par la corruption. Les scandales apparents, les démissions forcées — et surtout le refus obstiné de tenir une commission d’enquête — ont fini par transformer des rumeurs, des odeurs et des attaques partisanes en quasi-certitude pour un grand nombre d’électeurs. Je n’en remettrai pas ici — c’est la spécialité de bien d’autres commentateurs — mais il semble qu’on puisse raisonnablement présumer qu’il n’y a pas de fumée sans feu et que la Commission Charbonneau risque fort d’écorcher un certain nombre d’élus et d’apparatchiks du PLQ.
Quand un gouvernement perd à ce point la confiance du public, on s’attend normalement à ce que l’opposition officielle soit élue à la prochaine élection. C’est ce qui s’est produit à Ottawa après le scandale des commandites. C’est ce qui s’est passé plus récemment en Angleterre et en France. Et c’est aussi ce qui pourrait se passer au Québec si le PQ est élu en septembre.
Mais la victoire est loin d’être acquise, même pour un parti qui l’attend depuis presque une décennie. Il y a un an — avant la crise étudiante, alors que le gouvernement Charest était déjà catastrophiquement impopulaire — c’est le PQ qui semblait sur le point d’éclater. Et alors même que le PQ semble s’être remis de ses défections, les sondages le placent encore nez-à-nez avec les Libéraux, et menacé par la CAQ.
La situation est d’autant plus étonnante (en surface) que par rapport au principal thème de la campagne jusqu’à présent — la corruption — le PQ semble a priori bien placé. Même si tout n’est pas parfait au PQ et que beaucoup d’électeurs se disent écoeurés des « vieux partis », peu de gens considèrent le PQ comme véritablement « sale ». Même les plus farouches opposants du PQ trouveront difficile de faire peser sur ce parti les mêmes soupçons qui accablent le PLQ — ne serait-ce que parce que le Parti Québécois a moins d’influence à vendre.
Les théories abondent pour expliquer cette apparente incapacité du PQ à canaliser le tsunami de mécontentement. Manque de leadership de Pauline Marois. Dilution de la conviction indépendantiste dans la gouvernance souverainiste. Agenda politique trop marqué à gauche. Structures et rhétorique sclérosées, etc. Il y a sans doute du vrai dans tout cela.
Personnellement, je vois le PQ et les autres partis comme des package deals.
A priori, le PQ apparaît comme une alternative propre, établie et relativement crédible au PLQ. Le PQ a l’expérience du pouvoir, des députés solides et une bonne connaissance institutionnelle des enjeux. Mais le choix du PQ vient avec quelques items qui seront automatiquement ajoutés à votre facture d’électeur: la promesse de nouvelles chicanes avec Ottawa, la défense farouche du « modèle québécois », peu d’intérêt réel pour l’assainissement des comptes publics, et un asservissement aux grands syndicats qui élimine largement la possibilité de réformes sérieuses. Pour plusieurs électeurs indécis (et il y en a apparemment 38%), ces « frais cachés » neutralisent tout l’intérêt suscité par la perspective d’un parti « propre », et ils expliquent — selon moi plus que tout autre facteur — l’incapacité du PQ à récupérer plus d’appuis de la part des électeurs déçus par le PLQ.
Évidemment, le PLQ est un package deal lui aussi. D’un côté, il promet la paix constitutionnelle, le développement économique, une actualisation timide du modèle québécois et (en paroles du moins) un assainissement des finances publiques. Mais il faut aussi compter avec les frais cachés: une odeur persistante de copinage et de mauvaises fréquentations, un gouvernement sans vision claire, et un mélange de mollesse et de paternalisme qui choque une partie importante de l’opinion publique. Plusieurs électeurs — incluant bien des libéraux — aimeraient trouver une option moins lourde à porter.
Puis il y a le package de la CAQ. Plus léger parce que plus jeune. Assez clairement propre malgré quelques tentatives de salissage, surtout depuis l’arrivé fracassante de Jacques Duchesneau. Comme pitch de vente, la CAQ propose l’intégrité, l’agnosticisme constitutionnel, une vision claire d’une bureaucratie dégraissée et responsable, et la perspective d’un gouvernement qui ne soit pas le pantin d’un lobby quelconque. Comme frais cachés, la CAQ vient avec une certaine inexpérience, une vision politique parfois trop comptable, un chef un peu carré, et une plateforme qu’on aurait espéré plus ambitieuse pour le parti du renouveau. Beaucoup d’électeurs tentés par la CAQ attendent encore les signes clairs d’un bandwagon pour plonger sans hésitation.
Reste Québec solidaire et Option nationale, deux partis qui promettent la lune — aux gauchistes nationalistes dans le premier cas, et aux nationalistes gauchistes dans le second. On ne doute pas sérieusement de leur intégrité. Leurs visions sont claires et pures. Leurs militants sont les plus enthousiastes. Un électeur qui leur donne son vote a la certitude qu’il ne sera pas trahi, tout en sachant (on l’espère) que son parti n’a aucune chance d’être élu, voire d’influencer sérieusement le cours de la politique québécoise.
Cela dit, pour le meilleur ou pour le pire, une majorité d’électeurs préfèrent encore voter pour un parti qui aspire sérieusement au pouvoir. Si vous êtes du nombre, il n’y a que trois package deals possibles : le mélange libéral, le combo péquiste, ou le kit CAQ.
Votre analyse me semble assez juste, mais attention, les souverainistes vont vous reprocher sévèrement votre lèse souveraineté.
Ce qui est évident pour les moins partisans ( défense farouche du modèle québécois, nouvelles chicanes avec Ottawa, asservissement aux grands syndicats etc) sera considéré comme de la traîtrise à la nation et donc rejeter d’office comme de la propagande néolibérale. C’est là qu’en est rendu le débat.
Le PQ lutte pour sa survie et comme un homme qui est en train de se noyer, il s’agrippera à n’importe quoi pour éviter de se noyer.
« Ce qui est évident pour les moins partisans (…) sera considéré comme de la traîtrise à la nation… »
et victor d’inaugurer la section commentaires avec un procès d’intention gros comme le bras…
« C’est là qu’en est rendu le débat. »
…il enchaîne, paradoxalement, avec une critique négative de la qualité du débat…
« Le PQ lutte pour sa survie… »
…et il conclut avec une absurdité à propos du parti qui mène les intentions de vote!!
la totale.
clap! clap!
Monsieur Beauchesne atteint un nouveau sommet dans l’art de » parlez des autres » en omettant de parler du sujet . Encore une fois M. Beauchesne ne fait qu’ étalez son mérpis sur les souvrainistes , la sociale-démocratie , les syndicats et peut-être aussi les artistes comme le font ses maîtres a penser Eric Duhaime , Richard Martineau et Joanne Marcotte , nos incultes de la petite droite libertarienne !
« Mais il faut aussi compter avec les frais cachés: une odeur persistante de copinage et de mauvaises fréquentations … » frais cachés! Moi je dirais plutôt vices cachées !
correction: vices cachés
Selon moi les 2 plus gros problèmes au Québec sont la corruption et la taille de l’état qui ne cessent d’augmenter.
Avec les Libéraux, c’est le statu quo. Avec la PQ on règle seulement un problème. Avec la CAQ, on règle les 2 problèmes.
cesse
Un peu en continuité avec ce que vous soumettez, Monsieur Lussier, qu’on me permette d’exprimer ma perception de la situation.
L’élection en cours oppose essentiellement trois pôles principaux.
Il y a le PQ et sa chef actuelle, Mme Pauline Marois. Celle-ci n’a à peu aucune marge de manœuvre. Si elle se risque à parler de possible référendum au cours d’un premier mandat, elle se gagne d’une part des appuis chez les adeptes de cette avenue, mais en perd du côté d’une population généralement contre l’idée de cet exercice. De quelque côté que navigue Mme Marois, la mer est houleuse…
Pour ce qui est de M. François Legault, sa chute dans les sondages l’a en somme obligé à recruter des candidats malcommodes et quasiment ingérables. Son problème devient alors de démontrer qu’il mène vraiment sa barque. Ce qui n’est pas encore évident.
Le dernier pôle est le PLQ. Dont l’actuel premier ministre Jean Charest n’est que la figure de proue. Quelqu’un d’autre aurait pu être à sa place que cela n’aurait vraisemblablement rien changé à l’affaire. Le PLQ est une vision de la politique québécoise. Ses chefs ne sont que ses exécutants.
Qui aura le dernier mot et le fauteuil de premier ministre en bout de ligne?
Eh bien, Mme Marois semble assez mal partie pour y parvenir. Tout autant que M. François Legault…
« Le PLQ est une vision de la politique québécoise. Ses chefs ne sont que ses exécutants. »
exact. ils exécutent les quatres volontés de paul desmarais et de don corleone.
claude! connais-tu le site web http://www.liberaux.net? qu’en penses-tu?
M. Perrier ! Vous avez raison concernant le chef du PLQ ! La fidèle clientèle du PLQ votent pour le CANADA peut-importe les odeurs nauséabondes de corruptions et la compétence de l’équipe !
Réjean, encore du pointage de doigt de ta part on dirait…
Tu commence à sonner comme un disque accroché Réjean… Tu devrais prendre un break, c’est pas bon pour ta pression…
Peux-tu me rendre un service Réjean?
Peux-tu être un peu plus pisse-vinaigre?
Je ne te trouve pas assez caustique, Réjean… 😉
Pakcage PLQ: Nous savons tous depuis belle lurette qui maniait en coulisses les ficelles de cette association de magouilleurs corporatifs vivant le déclin annonçant sa disparition prochaine.
Le « kit CAQ »: Nouveau produit de Sirois Inc. y maniant les ficelles en coulisses pour l’avenir d’une toute nouvelle relève corporative magouilleuse.
Monsieur Michel Bertrand de ce blogue semble de plus en plus émotif quand ont touchent aux libéraux de Monsieur Charest !
Pourtant je ne fais que mentionner une évidence , les anglophones et les allophones francophobes de Montréal votent TOUJOURS massivement du même côté et pour le même partil politique depuis des lustres ! Ces gens se foutent complétement de la corruption et de l’incompétence d’ un gouvernement libéral car pour eux ils faut a tout prix combattre les nationalistes québécois et sauver le Canada !
Tout le monde est au courant de cette manie » ethnique » Monsieur Bertrand , donc essayezde prendre de bonnes respirations avant de lire mes commentaires si ceux-ci vous dérangent !
Arrêtez donc de prêter des mauvaises intentions aux autres. Si vos péquistes étaient si bons ils seraient toujours au pouvoir, le Québec serait indépendant et la bière serait gratuite. Peut-être que les anglos ont leurs propres raisons de ne pas voter pour le PQ.
Le PLQ n’a pas le monopole de la corruption, la Gaspédia ça vous dit quelque chose ?
Monsieur Beauchesne aime bien prêter des mauvaises intentions aux souverainistes et aux gauchistes mais faut pas s’en prendre aux anglophones et allophones fédéralistes francophobes car selon sa perception cela n’existe pas des francophobes au Québec .
J’aimerais bien voir Québec Solidaire avec 4 ou 5 députés, il brasserait vraiment la cage de l’assemblée nationale
Une affaire claire, tirée au clair :
La simple souveraineté du Québec, la séparation du Québec du Canada, à tort ou à raison, ne passe pas. C’est la raison qui a fait choisir la gouverne souverainiste au PQ, qui fait coller l’ON et le PI au fonds, parce qu’ils ont choisi de placer la souveraineté en haut de leurs priorités.
Québec solidaire réussit à aller chercher, entre 6 et 8 %, parce que ce parti attire la go gauche et les communistes, qui n’ont plus d’autres partis de disponibles.
Plus que Mme Marois parle de la souveraineté du Québec « le Québec pays », moins le PQ réussit à aller chercher des votes parce qu’il manque de séparatistes au Québec qui ne sont que 12,5 %, une amélioration sur le 8 % du temps de M. Bourgault.
SÉPARATION des Québécois :
12,5 % de véritables séparatistes.
27,5 % de souverainistes qui veulent, quand même, rester dans un Canada moins centralisé.
60 % de fédéralistes qui veulent rester dans le Canada, comme il est là.
Vous êtes sceptiques, vous voulez voir la source de ça : Jean-Marc Léger à l’émission de Huis-clos de février 2011.
http://video.telequebec.tv/video/6735/la-souverainete-du-quebec-est-elle-une-option-politique-depassee