Ceci sera mon dernier billet de blogue pour un moment. Jeudi dernier, j’ai reçu un appel de la Coalition Avenir Québec, qui m’a proposé le poste de directeur des communications. J’ai réfléchi 48 heures et j’ai accepté l’offre en fin de semaine.
Ce saut en politique active en surprendra peut-être certains. La décision n’a pas été facile. Je déteste la langue de bois, je n’aime pas trop les lignes de parti, et la politicaillerie insignifiante me lasse comme tout le monde. Il faudra suspendre ce blogue et abandonner beaucoup d’indépendance. Mais la politique est l’art du possible et tout engagement implique des compromis. La chance de passer des gradins à la patinoire m’est apparue irrésistible.
Le jeu politique est dur, tout le monde le sait. Malheureusement, il arrive aussi qu’il soit sale. Les attaques personnelles, la caricature et le potinage de basse-cour remplacent trop souvent les questions de fond — tant dans les échanges entre politiciens que dans les multiples forums (particulièrement virtuels) où s’exprime l’opinion publique. Si les Québécois sont profondément divisés sur plusieurs enjeux — question nationale et identitaire, missions de l’État et modèle Québécois — je crois toutefois qu’une forte majorité ne veut plus d’une politique hyper-partisane où les débats d’idées s’effacent au profit d’oppositions automatiques et de petites diffamations. Je partage cet écoeurement et je ferai tout pour éviter d’y contribuer.
Comme plusieurs Québécois, j’ai suivi de près (et parfois de loin) l’évolution du projet politique de François Legault depuis bientôt deux ans. J’adhérais à l’agnosticisme constitutionnel à la base de son mouvement, soit l’idée que le Québec est paralysé depuis trop longtemps par la question nationale — sans issue à moyen terme, mais qui monopolise nos énergies politiques depuis 40 ans — et qu’il était urgent et prioritaire de s’attaquer à quelques problèmes concrets qui minent le Québec. Le redressement des finances publiques, la guerre au décrochage scolaire et la modernisation des réseaux de santé et d’éducation devraient faire partie intégrante de tout programme politique sérieux, qu’il soit fédéraliste ou souverainiste.
Or si le Parti libéral et le Parti Québécois ont beaucoup fait pour le Québec depuis 40 ans, ils semblent aujourd’hui prisonniers des étiquettes, des clientèles et des intérêts particuliers qu’ils ont attiré depuis des décennies. Des milliers de Québécois auraient souhaité que la dernière campagne électorale donne lieu à des débats de fond sur le genre de société et de gouvernement qu’il faut pour le Québec du 21e siècle, mais c’est encore le spectre d’un référendum qui a accaparé la fin de la campagne.
Comme toute formation politique, la Coalition n’est pas parfaite. Mais elle a eu le courage de proposer des réformes concrètes, de s’attaquer à quelques vaches sacrées, et de remettre à l’ordre du jour certaines vérités inconfortables, mais incontournables. Et davantage que les autres partis, peut-être, la Coalition demeure libre de son évolution et de son avenir. De toute façon, l’offre politique parfaite n’existe pas — à moins de choisir la marge ou l’utopie, ce qui revient à cautionner un statu quo qui devrait être intolérable pour quiconque aime le Québec.
Mon aventure en politique active commence officiellement mardi prochain. Je ne sais pas si, quand et comment elle se terminera. Je vous remercie de m’avoir lu et d’avoir si généreusement (et vigoureusement!) participé aux quelques débats lancés sur ce blogue depuis presque deux ans. Nous nous recroiserons certainement tôt ou tard. D’ici là, je nous souhaite tous, peu importe les allégeances, de continuer à refaire le monde.
Bonne chance dans votre nouvelle carrière. Je suis contente de vous savoir au sein de la CAQ. Vous pourrez y avoir une bonne influence.
très bonne décision, mon ami…c’est l’heure, et t’as choisi le bon parti, le plus difficile…la saleté, on s’y habitue…mais je t’avertis, le pire, c’est l’amnésie, et l’arrogance qui s’empare de nous, veux veux pas, aussitôt qu’on prend le pouvoir…je sais de quoi je parle…j’ai milité 20 ans au PQ…les insultes, quand même, assez difficile à digérer…Charest, encore pire que Lévesque à la fin , à qui on reprochait allusivement, sournoisement dans les médias d’être aimé par une femme 30 ans plus jeune que lui…humaine nature…bonne chance…
Bravo et merci. Quel judicieux choix de la part de la CAQ et quel courage de la tienne! Tes blogues manqueront terriblement à tes nombreux lecteurs, mais passer des gradins à la patinoire ça ne se refuse pas comme défi. J’ai très hâte de voir quels outils tu sauras mettre en place sur le Net pour surveiller le pouls des Québécois et recueillir idée opinions et commentaires sans être submergé. Break a leg 😉
Félicitations et bonne chance!
Maintenant, le voir se retrouve sans voix du centre… Ça risque d’être pas mal moins intéressant de fouiner ici… 🙁
La Coalition pour un retour dans le passé, au capitalisme sauvage…le centre ??? Vous avez le centre à l’extrême droite. Je vous suggère de consulter l’oculiste.
M. Lussier, vos intentions sont très louables. Puissiez-vous aider à ce que la CAQ élève le débat comme l’a souhaité François Legault après les élections. On peut craindre cependant que ce ne soit qu’un voeu de circonstances alors qu’il est d’usage, une fois les élections finies, de faire une trêve et d’accueillir le nouveau gouvernement avec respect pour la démocratie qui vient de s’exprimer.
Vous dites : « Des milliers de Québécois auraient souhaité que la dernière campagne électorale donne lieu à des débats de fond sur le genre de société et de gouvernement qu’il faut pour le Québec du 21e siècle, mais c’est encore le spectre d’un référendum qui a accaparé la fin de la campagne. »
À qui la faute ? Legault a dépassé Charest en démagogie à propos de la peur d’un référendum. Il a même renouvelé le genre en faisant intervenir les Caribous dont il a presque fait partie du temps qu’il était au PQ. Il les connaissait donc assez bien, comme il dit.
Il a été très fort sur le plan du populisme avec ses formules simplistes. La meilleure a été celle à propos de ses mains libres de toute attache. Et en même temps, il a été capable de dire qu’il fallait être prudent en matière d’environnement, non pas face aux conséquences de nos actes, mais bien face aux entraves qu’on pourrait imposer aux entreprises privées. Libre de toute attache ? Seuls les naïfs vont le croire.
Je ne veux pas repartir en campagne parce que ce serait trop long et que tout le monde veut réapprendre à respirer par le nez. Mais de grâce, contribuez à ce que vos idéaux de la politique se traduisent dans les faits par un virage du discours de la CAQ. Si vous échouez et que votre point de vue est totalement ignoré, j’espère que vous serez conséquent et remettrez votre tablier.
Avec un gouvernement minoritaire, le PQ n’a pas le choix et devra gouverner en tenant compte des consensus des trois partis sur beaucoup de questions. Il n’en manque pas, à des nuances près, heureusement. Il y a de quoi occuper le gouvernement pendant deux ou trois ans. Je ne pense pas que les Québécois veulent retourner en élections avant au moins trois ans. Il faudrait que la CAQ respecte ce rythme et en profite pour faire son lit sur un tas de sujets de façon un peu plus réfléchie que jusqu’ici.
Je vous souhaite bonne chance dans votre nouvelle fonction !
Félicitations Jérôme!
Je suis content pour vous, mais surtout pour la CAQ qui pourra compter sur vous et sur votre vision des choses. Je suis devenu accroc à votre chronique depuis la dernière année et ce n’est pas sans peine que je ne pourrai la lire…J’aimais les nuances de gris dans vos idées, plutôt que les chroniqueurs qui ne sont capable de voir tout blanc ou tout noir. La bipolarisation du débat est sûrement plus vendeuse, mais ce n’est pas ce qui nous fait avancer…
« My two cents » : je discute souvent de politique avec ma famille, mes amis et mes collègues. La chose qui revient le plus, ce n’est pas la question de la souveraineté, les frais de scolarité, la congestion du système de santé…ce dont le monde parle, c’est qu’il sont tannés de la façon dont est faite la politique : attaques personnelles, rappel des erreurs du passé, collusion, financement de parti… Ce qui m’a déçu de François Legault durant les débats, c’est que plutôt que se détacher de ce débat stérile, il a semblé embarquer dans le jeu…
Il ne faut pas réinventer le Québec, il faut réinventer la façon de faire de la politique!
Sur ce, bonne chance!
Félicitation! J’ose croire que le contact direct avec les lecteurs de blogues va vous manquer. Est-ce qu’il y a un quelconque média 2.0 interne à la coalition?
J’ai bien hâte de voir si la CAQ va réussir à offrir une alternative à ceux qui se considère québécois d’abord et qui vote PQ ou QS sans conviction. Pour l’instant, il me semble que la stratégie est plutôt d’offrir une alternative propre au PLQ à ceux qui considère le nationalisme québécois comme désagréable.
Bonne chance dans vos prochaines fonctions!
Bravo! le Québec a été constuit avec des batisseurs maintenant nous devons croire en nous et allez de l’avant ce n’est pas une question de langue c’est une question d’union car l’union fait la force et la division la défait ça certain l’on bien compris, pour l’intelligente et non pour les chicanes de clocher qui sert a nous diviser Bonne chance a vous tous pour un avenir meilleur en préservant notre environnement et pour l’intelligence
Suggérez à M. Legault la lecture du texte de M. Michel Gauthier « Opinion d’un scientifique sur les accumulateurs au lithium » afin qu’il revise sa promesse de faire un grand ménage à Hydro-Québec (en page A5 du Devoir – 11 septembre) !
« Des milliers de Québécois auraient souhaité que la dernière campagne électorale donne lieu à des débats de fond sur le genre de société et de gouvernement qu’il faut pour le Québec du 21e siècle, mais c’est encore le spectre d’un référendum qui a accaparé la fin de la campagne. »
mais la souveraineté du québec est une question de fond justement. et c’est ton boss legault qui a travesti cette superbe idée en épouvantail à moineaux.
il est la source de ta déception et tu te joins à lui. étrange.
et cette phrase:
« De toute façon, l’offre politique parfaite n’existe pas — à moins de choisir la marge ou l’utopie… »
ben alors….. qu’est-ce que t’attends pour rejoindre la marge? puisque, de ton propre aveu, l’offre politique parfaite y existe?!?!?!?
en tous cas. bonne chance pareil jérôme avec kamal lutfi, claude roy et les autres intellos de la droite baloney.
»mais la souveraineté du québec est une question de fond justement. et c’est ton boss legault qui a travesti cette superbe idée en épouvantail à moineaux. »
Ton plus intelligent commentaire depuis plusieurs mois (NOT). Comment travestir une idée qui plus on en parle plus elle devient impopulaire ?
Vous joignez le parti le plus rétrograde de tous, celui qui veut nous voir revenir à l’époque d’avant la Révolution tranquille, celui de la soumission au Rocanada, celui du marchandage et de la foklorisation de la culture et identité québécoises. J’ose croire que la très grande majorité des plus jeunes générations ne suivront pas votre exemple et joindront les partis progressistes oeuvrant au bien commun plutôt qu’à l’abrutissement des citoyens en la quête effrénée de petits conforts matériels, quête à laquelle la sacro-sainte loi du marché de la surconsommation et le Veau d’Or vous convient.
Bonne chance!
Je pense aussi que le Voir devra se trouver une voix « Au Centre »
Cher Jérôme,
bon courage. J’espérais ne pas te voir porter d’étiquette – et pas celle-là en particulier – mais néanmoins, je voulais te dire que tu vas nous manquer. Au sens premier.
À bientôt j’espère!
@Anne
Merci pour l’encouragement — même tiède. Ton intelligence et ton humour nous manquent depuis des années. À bientôt certainement. Entre-temps, je pense que tu devrais reprendre l’espace vacant de ce blogue, ne serait-ce que pour que je te réponde de temps en temps.
Je n’ai que très très très peu commenté vos billets (tellement peu d’ailleurs que c’est un peu absurde de le mentionner). Bien que j’aie eu souvent l’élan de le faire donc, je ne suis pas intervenu. Alors puisqu’il s’agit d’un au revoir, je tenais à vous remercier (pour l’incitation à la réflexion), vous féliciter (pour la qualité de vos billets même quand je ne suis pas du même avis, en tout ou partie mais plus souvent en partie), vous souhaiter bonne chance et surtout du plaisir autant que de défi dans vos nouvelles fonctions.
D’accord ou pas avec votre choix, de suspendre le blog, de choisir la CAQ (c’est surtout ce dernier point qui semble en offusquer certains), c’est votre vie, votre décision, vos convictions. Et je suis certain que vous n’avez pas besoin de moi pour vous dire que d’agir comme vous le souhaitez vous et pas pour plaire aux autres est quelque chose de plus courageux qu’on ne pense.
Bonne route!
Merci pour vos chroniques, d’une certaine indépendance d’esprit jusqu’à aujourd’hui.
Je vous souhaite de bien dormir. Et de ne pas avoir d’accident sur les obligations de tourner à droite. Et d’en apprendre – disons davantage – sur le bien commun.
Pour le reste: on verra…
Essayez d’être heureux.
Ça, on le voyait presque venir lors de la campagne. On aurait presque pensé que vous y travailliez déjà … Vous y perdrez certainement quelques illusions, ce qui n’est jamais mauvais. Mais surtout, ne perdez pas l’espoir d’une amélioration à défaut de changements.
Bonne chance M. Lussier et merci pour ces chroniques houleuses.
Un saut très étonnant de votre part, Monsieur Lussier…
Mais vous êtes encore jeune, et l’expérience affûtera certainement vos perceptions, des perceptions déjà très éclairées quant à la chose politique.
Par contre un saut à la CAQ?
Ça je comprends très mal…
Serez-vous toujours aussi libre de nous donner l’heure juste, ce que j’ai tellement apprécié de vos billets? Probablement pas. Et ça, c’est véritablement dommage…
Malgré, bonne «expérience».
Il manquait un mot à ma dernière ligne. Laquelle aurait dû se lire «Malgré tout…»
Devrais-je à mon tour accepter cette offre du PLQ, désirant un bon communicateur?
Votre saut me porte à y réfléchir très sérieusement.
Si nos options auront pour conséquences et bénéfices de faire du Québec une meilleure place, alors sautons.
Avec prudence et discernement. En espérant que nos choix sont compris et appréciés. N’est-ce pas?
Nous nous retrouverons sur cette patinoire mal égalisée, Monsieur Lussier. En patinant de temps à autre sur la bottine…
tu devrais accepter claude. le parti libéral a encore trop de candidats élus.
Narquois comme toujours, hein le calinours?
Bravo vous vous impliquez dans la mêlée et c’est tout à votre honneur.
Bonne chance et bon courage !
Wow ! Quelle nouvelle ! Monsieur Jérôme Lussier qui » analysait » la chose politique sur le blogue de Voir et qui semblait croire que le » jupon » ne paraissait pas trop !!!! Hi-hi !
Moi , le » jupon » me sautait aux yeux régulièrement !
En fait je crois que vous êtes un très bon candidat pour ce poste car vous vous êtes quand même entrainé assez souvent sur votre blogue n’ est-ce pas !
Il y a les armchair quarterbacks, et il y a les vrais quarterbacks.
La différence entre les deux c’est que seulement les vrais quarterbacks ont les cicatrices pour témoigner leur passage. J’espère que vous ne vous laisserez pas décourager par le premier sack car c’est celui-là qui vous donnera la vrai mesure de votre capacité (plus ils sont durs, plus ils ont peur).
Sincèrement, bonne chance et bon succès!
Fais-toi un blogue anonyme pour continuer tes articles, je ne saurais m’en passer! Sans blague, je suis un peu peinée que mon « commentateur » préféré cesse d’écrire… enfin. Bonne chance dans ta carrière! Ça me rassure toujours de voir des gens intelligents aller en politique.
Le populisme payant…
Dommage, je ne pourrai plus vous lire…Heureuse pour vous!!! La CAQ aura un candidat exceptionnel…Tant mieux pour nous!!